Cinq entrepreneurs français qui brillent à l'international Eric Vial surfe sur les marées noires

eric vial, président d'ecocéane
Eric Vial, président d'Ecocéane © Ecocéane

Dénicher un tout nouveau marché, c'est plutôt rare. Eric Vial, lui, est tombé sur l'idée de sa future entreprise à la suite du naufrage du Prestige, le pétrolier qui a provoqué une énorme marée noire en Bretagne en 2002. "Je me suis rendu compte qu'il n'existait aucune solution satisfaisante pour ramasser le pétrole en mer", témoigne-t-il. "La plupart du temps, on attendait qu'il arrive sur les côtes pour le ramasser avec des pelles". A 41 ans, il abandonne alors son job dans la communication pour fonder Ecocéane avec son beau-père, Robert Gastaldi. Leur but : concevoir un bateau dépolluant permettant de récupérer les hydrocarbures en mer de façon efficace.

Deapwater, une visibilité inespérée

Les deux associés rachètent à Paimpol (Bretagne) un petit chantier de construction de bateaux et peaufinent leur projet pendant quatre ans. "A l'époque, personne ne croyait vraiment en l'utilité de notre idée", se souvient Eric Vial. En 2007 sort enfin leur premier bateau spécialisé, le "Cataglop". Destiné au nettoyage des ports et du littoral, il séduit rapidement les collectivités et gestionnaires de ports privés. "A ce jour, nous avons vendu 65 de ces bateaux dans plus de 25 pays différents", se félicite le jeune patron. Le catamaran à deux coques aspire et récupère les hydrocarbures et les déchets à l'avant, puis les transfère à un autre bateau de stockage. "Cette technique permet de travailler même par mauvais temps, jusqu'à une vitesse de 4 nœuds", explique-t-il.

"Nous voulons multiplier notre chiffre d'affaires par dix en deux ans"

En 2010, alors que l'entreprise vient juste de mettre au point le prototype d'un nouveau navire conçu pour la haute mer, intervient la marée noire autour de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. L'intervention de navires étrangers est théoriquement interdite aux Etats-Unis mais Ecocéane parvient à vendre 10 Cataglops aux Américains et à leur louer son tout nouveau navire, le "Catamar". "Grâce à une lettre spéciale de Jean-Louis Borloo", alors ministre de l'Ecologie, glisse Eric Vial. Une visibilité inespérée pour la PME française.

Ecocéane réalise aujourd'hui plus de 3 millions de chiffre d'affaires (dont 85% à l'export) et nourrit de très grandes ambitions. "Si je vous dis que nous allons multiplier notre chiffre d'affaires par dix en deux ans, vous n'allez pas me croire. C'est pourtant notre objectif", assure Eric Vial. "Avec 17 000 plateformes pétrolières en activité dans le monde, il faut environ 3 000 nouveaux bateaux de service par an", calcule-t-il. Car si les marées noires sont très médiatisées, il ne faut pas oublier les "petites" pollutions courantes dues à l'exploitation d'un puits. La nouvelle gamme de bateaux "multiservices" (dépollution, tractage de pipeline, lutte contre les incendies...) sera développée en joint-venture pour mieux conquérir de nouveaux pays. "Je reviens par exemple de l'Azerbaïdjan, où les besoins en mer Caspienne sont énormes", assure Eric Vial. Ecocéane compte déjà 25 salariés et va embaucher des commerciaux pour son bureau parisien et des ingénieurs dans son bureau d'études à Paimpol.