Brahim Ben Ali (INV) "Anne Hidalgo exclut volontairement les VTC du centre de Paris au profit des taxis"

Le secrétaire général du syndicat de chauffeurs VTC INV, qui organise une manifestation à Paris le 29 mai, dénonce le projet d'interdiction du transit dans le centre de Paris, qui concerne les VTC, mais pas les taxis.

JDN. La mairie de Paris a annoncé une consultation dans le but d'interdire en 2022 le trafic de transit dans les quatre arrondissements centraux de Paris. Quelle influence cela aurait-il sur l'activité des chauffeurs VTC ?

Brahim Ben Ali est le secrétaire général d'INV, un syndicat de chauffeurs VTC. © INV

Brahim Ben Ali. Cela aurait des répercussions énormes sur cette profession déjà précarisée, après d'autres décisions similaires comme l'interdiction de la rue de Rivoli aux VTC. Si on interdit l'accès du premier au quatrième arrondissement de Paris, ce sera catastrophique pour les chauffeurs qui travaillent dans les gares et ont réussi à s'émanciper des plateformes. Les plateformes numériques, elles, s'adapteront, elles feront des points de rendez-vous hors de la zone interdite, ou feront reposer le risque sur les chauffeurs. D'autres chauffeurs indépendants ont investi dans des véhicules à 80 000 euros et du marketing car ils avaient décroché des contrats avec des hôtels ou des restaurants de ces quartiers du centre de Paris. Comment feront-ils ? En plus de rendre l'activité encore plus compliquée économiquement, cette interdiction aura des conséquences sur la santé des chauffeurs, car elle augmentera la pénibilité et les risques psychologiques. Il y aura encore plus de bouchons, ça deviendra invivable pour les chauffeurs de travailler dans ces conditions.

Avez-vous compris si cette interdiction visait seulement un VTC qui passerait dans le centre de Paris, par exemple pour aller du Nord au Sud, ou aussi un VTC qui viendrait prendre ou déposer un client dans la zone ?

Cela fait partie des points qu'il faudra clarifier. Ce qui est certain, c'est que la mairie de Paris veut mettre des bâtons dans les roues des plateformes et remettre au premier plan les taxis, qui ne seraient pas concernés par cette interdiction. Nous sommes pourtant reconnus comme artisans professionnels du transport et inscrits à la commission T3P (Transport public particulier de personnes, ndlr), au même titre que les taxis. Nous sommes volontairement exclus du centre de Paris par Anne Hidalgo. Les socialistes ont une certaine éthique du travail et je peux comprendre cette position contre les plateformes VTC, mais je ne comprends pas pourquoi la mairie s'acharne sur les chauffeurs, au lieu de s'attaquer aux plateformes. Une consultation est menée pour savoir quels véhicules pourront emprunter le cœur de ville, et nous rencontreront l'adjoint aux transports David Belliard le 1er juin dans ce cadre.

Vous organisez ce samedi 29 mai une manifestation à Paris (Bercy), quelles sont vos revendications ?

"Les plateformes se livrent une interminable guerre des prix. Il faut une régulation des tarifs"

Notre première demande est la fin de la politique d'exclusion des VTC de la mairie de Paris. Nous nous opposons aussi à la dégressivité du fonds de solidarité, qui couvre aujourd'hui 100% du chiffre d'affaires des chauffeurs et va commencer à se réduire en juin, alors qu'il n'est pas du tout garanti que l'activité reparte et qu'elle est toujours assez basse l'été. C'est trop tôt, la vaccination n'avance pas assez vite. Je ne sais pas quelle boule de cristal a Bruno Lemaire pour prévoir un rebond, mais notre activité chute de plus en plus. Enfin, nous demandons une meilleure régulation des plateformes qui se livrent une interminable guerre des prix. Il faut une régulation des tarifs.

Comprenez-vous l'intention de la mairie de Paris, qui souhaite réduire l'énorme trafic et la pollution engendrés par tout le transit dans le centre de la capitale ?

J'ai quand même une âme écolo, j'ai des enfants. Je comprends que les véhicules thermiques posent problème à cause de leur impact sur la santé. Là où je ne suis pas d'accord, c'est qu'aujourd'hui le parc VTC a été renouvelé en partie avec des véhicules hybrides électriques. Mais comme chez les taxis, il reste chez les VTC beaucoup de véhicules thermiques. Pourtant les taxis seront autorisés à passer dans le centre de Paris. Avec ces deux poids, deux mesures, il ne faut pas nous faire croire qu'il s'agit d'une politique écologique.