Qu'est ce qu'un Digital Learning Manager ?

A l'heure où le numérique s'immisce de plus en plus dans les pratiques de formation des organisations, le responsable E-learning prend du galon et mute peu à peu en "Digital Learning Manager", nouveau pilier de performance et de transformation de l'entreprise.

Du Responsable E-Learning au Digital Learning Manager

Le titre de "Digital Learning Manager" tend peu à peu à prendre le dessus sur celui de "Responsable E-Learning". En France, sur Linkedin, on dénombre à ce jour 55 "Digital Learning Manager" contre 75 "Responsable E-Learning" : une différence sans commune mesure avec les intitulés de poste d'il y a quelques années. 

Derrière cette simple étiquette, c'est un changement bien plus profond qui s'observe : une remontée en force du service Formation grâce à l'émergence du numérique. Une évolution du métier et de la perception même de ses enjeux et objectifs business. 

Face à cette étiquette restrictive du "E-learning" (dont les imaginaires restent attachés à une seule modalité pédagogique), le Digital Learning Manager s'instaure comme le manager de "l'Expérience d'apprentissage" des collaborateurs, au sens large. Une expérience qui ne se situe pas seulement sur le Digital mais à chaque étape de la vie professionnelle et personnelle du collaborateur, sur tous les supports et terminaux. Une expérience qui, pour prendre corps, nécessite forcément d'intervenir à plusieurs niveaux dans l'organisation et de disposer de compétences pluri-disciplinaires. A tour de rôle, le Digital Learning Manager se retrouve donc Manager de projet, pédagogue, créatif ou encore marketeux. Vaste programme !

Le Digital Learning Manager pilote

Bien sûr, le DLM pilote la formation digitale. Il définit la stratégie sous tous ces aspects et suit (quand il ne "fait" pas directement) chaque étape de la conception des formations : 
  • Orientation des thématiques en fonction des objectifs fixés par la direction ou des demandes de "clients internes".
  • Choix des modalités pédagogiques à déployer en fonction des thématiques et des publics visés
  • Choix des outils et donc des compétences à trouver/mobiliser en interne ou/et des prestataires à sélectionner (+ toutes les phases de négociation (avec le prestataire et en interne (DSI, Achats)
  • Suivi de la production des contenus par les prestataires internes ou externes
  • Suivi de l'animation des parcours de formation le cas échéant
  • Déploiement des actions de communication
  • Définition des KPI métiers et pédagogiques pour mesurer et rendre compte de la performance des actions menées
  • Gestion du budget alloué (et renégociation)
Bref, autant d'aspects qui lui permettent de maîtriser la scénarisation globale de l'expérience d'apprentissage de ses audiences.

Le Digital Learning Manager est un pédagogue

Bien plus qu'un gestionnaire, le DLM reste avant tout un pédagogue sous 2 grandes dimensions.

Il dispose de cette capacité à réaliser des scénarios pédagogiques : séquencer le savoir de la bonne façon en fonction de la typologie : formation 100 % Digitale ou Blended, sur PC ou smartphone. Il possède une bonne culture digitale qui passe par la connaissance des usages des internautes (sérendipité, temps d'attention selon les formats, typologie de lecture, etc.), des nouveaux outils au service de la formation (les plus efficaces/tendances/pratiques) et des nouveaux formats émergents. Le DLM et ses équipes tendent aussi à s'affranchir au maximum d'acteurs tiers qui pourraient les paralyser (par les temps d'aller-retour ou le coût) et à reprendre le pouvoir sur la production même des formations pour gagner en agilité et répondre plus efficacement aux requêtes internes. Pour reprendre (et détourner) la formulation d'Eric Ries, le DLM passe à l'ère du Lean Training : une ingénierie pédagogique qui itère et s'améliore en continu en construisant des boucle de feedbacks grâce aux outils digitaux. Le DLM met la pédagogie à l'heure du numérique, aussi bien au niveau de ses méthodologies que de ses outils.

La deuxième grande dimension pédagogique dans le métier de DLM, c'est celle qu'il doit mettre en place au sein même de son organisation auprès des équipes de formateurs et des experts métiers. Expliquer les outils et les méthodologies, certes, mais pas que. Le DLM doit aussi démontrer et convaincre de l'intérêt du numérique pour ces métiers. Prouver que "numérique" ne signifie pas la "disparition du formateur ou du sachant" mais au contraire, leur remontée en force. Un travail de pédagogie interne sine qua non au déploiement d'une véritable stratégie de Digital Learning sur l'ensemble de l'organisation.  

Le Digital Learning Manager est un marketeur

Le succès d'une formation ne passe pas que par la qualité du contenu et des outils. le DLM a bien compris que le marketing de son dispositif avait un rôle clé à jouer pour amener les collaborateurs à consommer. Il a compris que produire de l'excellent contenu sans savoir le "vendre" n'avait pas de sens. 

Le DLM est donc d'abord un créatif. Il doit avoir cette sensibilité quasi "artistique" qui lui permet de déterminer si une formation sera attractive ou non. La technologie est-elle assez moderne ? Met-elle assez en valeur les contenus ? Les contenus sont-ils correctement designés ? Reflètent-ils l'identité de mon organisation sans être trop hard-corporate ? Et finalement, ma formation est-elle au même niveau qu'un contenu trendy qu'un collaborateur pourrait consommer sur le Web ?

Plutôt que de trop souvent mobiliser la communication interne, le DLM doit être capable de bâtir et d'exécuter un véritable plan de communication :  
  • Identifier un/des sponsors au C-Level
  • Bâtir un réseau d'ambassadeurs
  • Utiliser tous les leviers de la communication disponibles : portail, réseau social interne, Emailing, affichage
  • Identifier et segmenter son message en fonction des différentes audiences pour que chacun se sente concerner et comprenne ce qu'il peut retirer de la formation.
  • Séquencer des actions dans le temps (avant/pendant/après ma formation)
Le marketing du dispositif de formation génère de l'engagement de la part des apprenants, mais aussi des formateurs et des managers. Il fait en sorte que les collaborateurs "se forment réellement". Un facteur clé qui renforce la position du service Formation dans l'organisation, notamment à cette époque de transition numérique où le besoin se fait sentir de faire évoluer la Culture, les mentalités dans l'entreprise et où la formation a son rôle à jouer. 

Le Digital Learning Manager est rare 

Le Digital Learning Manager est un profil très polyvalent. Malheureusement aujourd'hui, dans les services formation, le constat est clair et sans appel : il y a une pénurie de profils adéquats. Il existe bien des formations mais elles ne formeraient jamais sous tous les aspects.

D'autant plus que le métier, encore assez jeune, est en constante évolution. Fidèle à sa dimension digitale, lean, il mute, s'améliore en continue pour s'adapter aux enjeux de organisations de demain. Dans ce contexte, il n'est pas toujours évident pour les responsables de formation académiques de proposer des formats à 100 % pertinents.