Tim Srock (Mendix) "15 millions d'applications ont été développées sur la plateforme low-code de Mendix"

La filiale de Siemens se lance officiellement en France. Pour l'occasion, son CEO revient sur ses ambitions et sa stratégie pour les années à venir.

Gartner classe Mendix en tête des leaders de son cadran magique destiné aux plateformes d'application low-code d'entreprise. Idem pour Forester dans sa wave des plateformes de développement low-code pour les développeurs. Fondée aux Pays-Bas en 2005, l'entreprise est acquise par Siemens en 2018 pour 730 millions de dollars. Fort 4000 clients à travers le monde, elle prévoit de se hisser à 2000 salariés d'ici la fin de l'année, contre 1700 aujourd'hui. Depuis son rachat par l'industriel allemand, elle revendique une hausse de 300% de son chiffre d'affaires annuel récurrent.

JDN. Ciblez-vous uniquement le développeur traditionnel, en facilitant son travail via l'approche low-code, ou également le développeur citoyen purement orienté no code ?

Tim Srock est le CEO de Mendix. © Mendix

Tim Srock. Nous proposons deux studios ciblant l'un et l'autre. Le premier, qui s'adresse aux développeurs citoyens et business analyst, permet d'exploiter les domaines d'expertise de ces acteurs business. Utilisable en parallèle, le second studio est conçu pour les programmeurs professionnels avec un environnement basé sur le langage Java.

C'est là l'un de nos principaux facteurs de différentiation. Mendix recouvre à la fois les développements les moins complexes orientés application de bureau, et les cas d'usage critiques. Il peut s'agir par exemple de déployer Mendix sur des flottes d'objets connectés ou d'orchestrer des processus complets de gestion de la chaîne logistique avec des dizaines de millions d'événements à traiter par jour.

Votre plateforme intégre-t-elle la notion de machine learning ?

Nous avons conclu un accord avec AWS qui s'est traduit par le développement conjoint de solutions de machine learning automatisé. Avec à la clé un focus sur quelques verticales : le manufacturing, les services financiers ou encore l'assurance. En parallèle, nous signons des partenariats avec les éditeurs leaders du domaine pour intégrer leur service à notre plateforme.

En 2021, vous avez racheté TimeSeries, un spécialiste du développement d'applications verticales basées sur Mendix. Quel est le résultat de cette acquisition aujourd'hui ?

Cette opération accompagne notre stratégie orientée entreprise composite. Il s'agit de la prochaine étape du développement d'application. En lien avec nos partenaires AWS, Capgemini... TimeSeries développe des modèles applicatifs verticaux ou des connecteurs vers des systèmes tiers, qui peuvent ensuite être utilisés par tous nos clients. L'objectif est de couvrir le plus de cas d'usage métier possible.

Vous annoncez officiellement le lancement de Mendix dans l'Hexagone...

Depuis notre acquisition par Siemens, nous avons un bureau en France. Nous comptons actuellement une équipe de six personnes dédiée à ce pays avec des clients dans le retail, les services financiers et le manufacturing. La France fait partie de nos marchés prioritaires en Europe où nous souhaitons accélérer. D'où cette volonté de communiquer sur un lancement officiel de Mendix en France.

"L'objectif est aussi de former l'écosystème local à notre technologie"

Au-delà du go-to-market, nous souhaitons monter en puissance dans le marketing, mais également dans le produit. Ce qui passe par la création de contenus d'accompagnement en français. L'objectif est aussi de former l'écosystème local à notre technologie pour renforcer notre expertise et notre communauté dans l'Hexagone.

En Europe, Mendix propose des régions clouds en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Irlande. Pourriez-vous ouvrir une région cloud en France ?

Nous devrons d'abord étudier les problématiques de latence. C'est la manière dont nous abordons la question. L'objectif étant de délivrer la meilleure expérience utilisateur possible.

Mendix Cloud s'appuie sur la plateforme PaaS de Cloud Foundry et recourt à AWS comme infrastructure d'hébergement...

C'est exact. Nous proposons également une offre, baptisée Mendix Cloud Dedicated, qui peut être mise en œuvre sur le cloud Azure de Microsoft ou sur Google Cloud. Mendix est aussi déployable en interne. 90% de nos clients utilisent néanmoins Mendix Cloud.

Votre offre semble mieux adaptée aux applications d'entreprise, et moins aux applications grand public. Est-ce aussi votre vision ?

Notre plateforme s'adapte aux deux cas d'usage. Nous nous situons certes dans un contexte BtoB. Mais nos clients n'ont pas seulement recours à notre solution pour des projets internes. Ils l'utilisent aussi pour développer des applications orientées consumer, par exemple des portails client, des marketplace, des sites d'e-commerce ou encore des applications client dans l'assurance.

Quelle est votre feuille de route en R&D pour les mois à venir ?

Notre offre évolue et s'améliore continuellement en matière de low-code. Idem sur le terrain de l'intégration et du traitement des données. Pour répondre à la promesse de Mendix d'être une plateforme transversale, nous devons être capable d'intégrer les ERP, les CRM, les PLM... via une couche d'expérience utilisateur toujours plus personnalisable. En lien avec AWS, nous comptons également développer l'hyper-automation qui consiste à mettre le machine learning au service du low-code. Nous renforcerons aussi notre position en matière d'applications mobiles natives. Enfin, nous comptons prendre en charge d'autres manières de consommer les applications en intégrant la réalité augmentée, la réalité virtuelle, les chatbots...

"Mendix est utilisé par 230 000 développeurs"

En parallèle, nous souhaitons accélérer la diffusion de l'expertise orientée sur notre offre low-code, à la fois au sein de notre écosystème de partenaires et de notre communauté de développeurs. Mendix est utilisé par 230 000 développeurs. Presque 15 millions d'applications ont été développées sur notre plateforme low-code.

Les plateformes low-code sont souvent critiquées pour leur caractère propriétaire et leur vendor lock-in. Que répondez-vous à ces critiques ?

Nous sommes ouverts sur de nombreux aspects. Vous pouvez utiliser Mendix quel que soit le cloud sur lequel vous déployez, quelle que soit l'application de nos partenaires que vous utilisez : business intelligence, AI, DevOps... La plupart des organisations avec lesquelles nous traitons sont d'ailleurs déjà équipées de briques low-code. Il peut s'agir de l'environnement Lightning de Salesforce ou des Power Apps de Microsoft si vous utilisez Office.

Partant de là, notre objectif n'est pas de remplacer les systèmes existants, mais de les compléter en apportant de la flexibilité et des capacités de personnalisation en vue in fine d'éviter d'en être prisonnier. Nos clients peuvent ainsi se focaliser pleinement sur leur facteur de différentiation en bâtissant la meilleure expérience utilisateur au regard de leur positionnement et leur expertise métier.

Tim Srock est PDG de Mendix depuis novembre 2021. Il débute sa carrière chez Siemens au sein du département finance en 2014. Il est promu manager des finances corporate en 2016, puis directeur sénior FP&A & Analytics en 2017. Il rejoint Mendix suite au rachat de ce dernier par Siemens. Il prend d'abord la direction financière avant de devenir CEO.