25/01/2006
Entrée en Bourse : mode d'emploi
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Etablir
un prospectus, obtenir l'aval de l'AMF,
rencontrer les investisseurs et surtout choisir le bon moment
Les étapes clés d'une opération stratégique qui
s'étale sur six mois. |
L'introduction en Bourse a pour vocation d'être un formidable accélérateur
pour le développement d'une entreprise. Toutefois, pour en retirer les
bénéfices, il s'agit de bien la préparer. Si le choix du
marché - réglementé comme Eurolist, non réglementé comme Alternext, ou
libre - impliquent des approches qui peuvent être différentes, il
est quand même possible d'établir une feuille de route générale.
Les explications et conseils de Didier Demeestère, directeur général
de Gilbert Dupont, société de Bourse ayant réalisé
27 introductions depuis 1998.
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N'importe quelle société ne peut pas s'introduire
en Bourse sans un projet précis et une bonne croissance.
"Il faut d'abord vérifier que l'entreprise est
susceptible d'intéresser des investisseurs financiers,
note Didier Demeestère, c'est-à-dire qu'elle
ait un véritable projet de développement, organique
ou par acquisition. D'après moi, un investisseur ne
doit pas venir se substituer à un actionnaire qui aurait
comme principal objectif de sortir du capital
de l'entreprise." Il est également conseillé
d'avoir un certain nombre d'années d'existence, ne
serait-ce que pour pouvoir présenter les bilans
de plusieurs exercices comptables à l'AMF,
l'Autorité des marchés financiers. Si une
croissance positive est obligatoire, avoir atteint la rentabilité
est fortement conseillé aujourd'hui, surtout depuis
la bulle Internet. Enfin, il est important de choisir la bonne
fenêtre de tir. L'entreprise doit surveiller le marché
(comment se comporte le Cac 40 ?) et les acteurs qui
lui sont comparables : les sociétés présentes
sur le même secteur et de taille analogue qui viennent
de s'introduire en Bourse ou qui y ont une certaine ancienneté.
Ont-ils réussi ou échoué ? A combien
se monte leur valorisation ? Les échanges sur
le marché sont-ils dynamiques ? Autant de questions
à se poser avant de se lancer.
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Le prospectus est un dossier obligatoire qui sera soumis à l'AMF, dont la mission est de protéger l'épargne. Il comprend entre autre :
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une présentation juridique et commerciale de la société
- les rapports financiers des deux ou trois exercices précédents
-
les tenants et aboutissants du projet de l'entreprise
- sa stratégie
"La préparation du prospectus nécessite environ trois mois", précise Didier Demeestère. Une bonne tenue des comptes et des informations concernant l'entreprise permet de gagner du temps. En outre, la constitution de ce dossier mobilise plusieurs acteurs, internes ou externes : juristes et comptables, agence de communication financière, mais aussi banque introductrice ou société financière. Cette dernière est l'intermédiaire incontournable entre l'entreprise et les autorités de régulation.
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Obtenir le visa de l'AMF |
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Le prospectus est ensuite déposé auprès de l'AMF pour validation de la demande. L'instruction du dossier dure environ un mois et demi à deux mois durant lesquels l'entreprise peut être sollicitée à tout moment pour répondre aux questions de l'AMF et fournir d'autres documents. Là encore c'est la banque introductrice ou la société financière qui fait le lien avec les autorités de tutelle : l'AMF et Euronext. A la fin de l'instruction, l'AMF délivre ou pas un visa autorisant l'entreprise à s'introduire en Bourse. Contrairement à Eurolist ou Alternext, le marché libre n'est pas soumis aux mêmes contraintes car il n'offre pas de garantie aux investisseurs. Il ne nécessite pas d'ancienneté, mais seulement un document avec les statuts, une lettre d'intention de l'intermédiaire indiquant la valorisation et sa justification. Ce sont les membres des marchés réglementés - intermédiaires cités plus haut - qui endossent la responsabilité du placement.
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Rencontrer les investisseurs |
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Vient ensuite la phase de "marketing", ou roadshow. L'entreprise
est amenée à rencontrer des investisseurs par
l'intermédiaire d'un PSI (prestataire de service d'investissement),
autrement dit une société de Bourse. Aujourd'hui,
on compte une soixantaine de sociétés de ce
type agréées pour Euronext, avec chacune ses
spécificités. Les particuliers ne représentent
qu'une part minime des investisseurs. Ces premiers rendez-vous
(one to one, petits déjeuners...) sont suivis
d'une présentation de l'entreprise à la communauté
financière et aux autres sociétés de
Bourse. Ensuite a lieu le placement, c'est-à-dire la
mise à disposition des actions de l'entreprise. Cette
phase dure généralement dix jours. "La
valorisation de l'entreprise est fixée à partir
d'une analyse
financière qui détermine un prix d'équilibre
auquel on soustrait une décote de 15 à 20 %
pour intéresser les investisseurs, détaille
Didier Demeestères. La fourchette, validée par
l'AMF, oscille entre plus ou moins 7,5 % du prix après
décote. Et ce sont les ordres des clients, enregistrés
par le PSI qui déterminent le prix final de l'introduction."
Elle est alors proposée à l'entreprise pour
validation. Le premier jour de cotation capte toutes les attentions
car c'est un indicateur privilégié pour savoir
si l'opération est une réussite ou pas. Le second
jour valide la tendance.
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S'introduire en Bourse n'est pas une fin mais un début, car l'entreprise
est tenue d'assurer un suivi et de répondre à des rendez-vous obligatoires
: publication trimestrielle des comptes pour Eurolist, uniquement semestrielle
et annuelle (comptes certifiés) pour Alternext. Toute opération
affectant les titres de l'entreprise doit également être signalée.
"L'introduction en Bourse est le plus intéressant levier pour financer
sa croissance, c'est un choix impliquant et très médiatisé",
prévient Didier Demeestère. Plus que jamais l'entreprise doit maîtriser
l'information qui circule à son sujet. "La Bourse agit comme un aiguillon
qui, par une régulière remise en cause, exige des efforts internes
et force à l'excellence." Le PSI est également présent dans
le suivi post-introduction. "Il s'agit d'organiser des rencontres avec les
investisseurs, de réaliser un suivi en analyse financière, et d'assurer
la liquidité du titre en permanence", ajoute-t-il. A noter : le coût
d'une opération en Bourse représente généralement
entre 4 et 8 % des capitaux levés par l'entreprise.
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