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CARRIERE
 
30/09/2005

Jean-François Monteil (AT Kearney executive search)
Le cru 2006 sera encore meilleur que l'année 2005

Si 2005 marque la reprise du marché de l'emploi cadre, 2006 offre des perspectives positives pour le développement des entreprises et de l'emploi. Les moins de 30 ans seront les premiers servis.
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Les salaires stagnent

Jean-François Monteil est directeur général France du cabinet de recrutement par approche directe AT Kearney executive search. Spécialiste du recrutement de cadres dirigeants, cadres supérieur et cadres en Europe et en France, il nous livre sa vision du marché de l'emploi et les tendances pour 2006.

L'emploi redémarre
J.-F. Monteil (AT Kearney)
+ 8% pour les recrutements
Les salaires stagnent

Comment jugez-vous le marché de l'emploi 2005 ? Et pour 2006 ?
Jean-François Monteil. Le volume de recrutement a augmenté en 2005, s'adressant davantage aux cadres et cadres supérieurs plutôt qu'aux cadres dirigeants. Par contre cette dynamique se tasse sur la fin de l'année, en France comme en Europe. Les entreprises ont épuisé leur potentiel pour le dernier trimestre 2005 et attendent l'exercice suivant pour relancer cette dynamique de recrutement. Bref, nous nous attendons à mieux pour 2006. D'autant que la tendance est positive car les décideurs budgètent déjà des projets pour 2006.

Comment expliquez-vous cette reprise ?
Les années 2001 à 2003 ont été marquées par la morosité et 2004 a vu une légère reprise. Les entreprises étaient en retard sur leurs projets de développement. Le redéploiement est aujourd'hui possible et globalement la France présente beaucoup de potentiel.


Des dizaines de milliers de personnes à remplacer"

Y a-t-il des secteurs ou fonctions qui profitent plus que d'autres de la reprise ?
Le secteur des sciences de la vie avec les biotechnologies et l'équipement médical en profite pleinement, compte tenu du vieillissement de la population, du développement des génériques et de l'accès aux soins plus facile. Dans le domaine du commerce et de la distribution, les entreprises recrutent surtout des profils internationaux actuellement. Depuis le début de l'année 2005 on observe curieusement une forte croissance des recrutements par approche directe en RH, c'est-à-dire en contactant des "candidats cibles". Après trois années pendant lesquelles cette fonction à tenu un rôle sévère, elle s'oriente actuellement vers des missions de développement, de redéploiement et de croissance. Les cabinets de conseil et d'audit ont besoin de cadres, refont des plans de recrutement alors qu'ils réduisaient les effectifs ces dernières années.

Quid du secteur banque-finance ?
Le secteur banque-finance fait peau neuve, notamment dans les fonctions marketing et commerciales. Ce secteur fait face à un problème démographique important. Le réseau vieillit et ce sont des dizaines de milliers de personnes qu'il faudra remplacer à court terme. Même constat pour le secteur des assurances. Le renouvellement de la pyramide des âges va faire décoller l'emploi des jeunes.

Qu'est-ce qui pourrait freiner cette reprise de l'emploi en 2006 ?
C'est la peur d'un gros choc : terrorisme ou flambée du pétrole. Le risque est toujours là que le prix du baril atteigne les cent dollars. Il s'agit aussi de surveiller la conjoncture économique. Les décideurs craignent les mauvaises nouvelles.

Quels sont les profils qui intéressent les entreprises aujourd'hui ?
Il y en a deux. Le premier est le cadre à compétences locales - services, production - dont la seule restriction est le besoin de formation pour rester à jour. Il appartient à ce cadre de surveiller sa propre employabilité régulièrement. D'un autre côté, si le métier le permet, les entreprises cherchent des cadres pour l'international - surtout des cadres supérieurs - et dont les compétences sont transférables.


Sur quinze ans, le salaire à l'embauche a peu évolué"

De manière plus générale, comment peut-on définir le marché de l'emploi de demain ?
Je dirais qu'il y a une "commoditisation" - dérivation du terme anglais comodity - des ressources humaines. En clair, le salarié est une matière première pour l'entreprise, certes la plus précieuse. Du côté des moins de 30 ans, ils ont besoin de travailler, mais peu d'entreprises offrent des postes intéressants. Beaucoup croient au confort et à l'autonomie de vie, mais pas aux valeurs des entreprises, ne s'y donnent pas corps et âme. Sur quinze ans, le salaire à l'embauche a très peu évolué. Pour un junior sortant d'une formation supérieure, il atteint en moyenne 30.000 euros.

Alors qui, des entreprises ou des candidats, tirent les ficelles du marché ?
Bonne question. Pour l'instant les entreprises sont en force, l'offre étant plus faible que la demande. Mais le vieillissement de la population pourrait retourner la situation en faveur des candidats mais aussi engendrer un manque de jeunes recrues qualifiées, avec un certain clonage des profils issus des mêmes formations. Et rares sont les entreprises qui font attention pour structurer la gestion des seniors. Nous allons vers une pénurie des compétences. Une expérience de quinze à vingt ans ne s'acquière pas en deux ans...

Que pourrait-il se passer à horizon 2008-2010 ?
Dans cinq ans la situation pourrait être difficile du fait du papy-boom. Mais les années 2006, 2007 et 2008 sont perçues comme un cycle vertueux, positif. On peut espérer qu'il y aura un renouvellement de la pyramide des âges, ce qui générera des emplois. Nous nous acheminons donc vers trois ans de croissance. S'il n'y a pas de choc.

Les salaires stagnent

Parcours

A 41 ans, Jean-François Monteil, est depuis avril 2002, directeur général France d'AT Kearney executive search et vice-président Europe. Diplômé de la London school of économics (1989-1990), de l'Institut d'Etudes Politiques et de l'Université de Strasbourg (1987), il débute sa carrière en 1988 dans le secteur bancaire et l'asset management à Paris et à Luxembourg auprès de l'Union européenne de CIC et de la Banque Indosuez. A partir de 1988, il entre successivement chez Amstrong International Executive Search à Londres, puis partner, responsable de la practice banque/finance de TMP Worldwide executive search à Paris.


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