La revente d'articles, un levier de croissance ?
L'échange, la vente et l'achat de contenus constituent des leviers de croissance pour les acteurs de la presse et les producteurs de contenus. Alors que de nouveaux espaces de diffusion apparaissent, la monétisation des contenus doit s'amplifier.
Nous l'observons tous les jours, les portails d'information des acteurs
majeurs de l'internet comme Yahoo ou Google sont alimentés par le renvoi
d'articles provenant de nombreuses sources telles que les sites des quotidiens
nationaux, des magazines ou des agences de presse, ou des pure players en ligne.
Ce phénomène assure un peu de revenus complémentaires à ces producteurs de
contenus, augmente l'audience de leur site et leur permet en partie de
rentabiliser leur modèle économique. Quand ils sont également éditeurs de
médias papier, cela leur permet de compenser l'érosion de leurs ventes physiques
et d'aménager au mieux l'approche réciproque papier-web, surtout par la
génération de trafic (Google News, service RSS) et la visibilité de la marque
(Yahoo). Nous observons également que des grandes marques internationales de
presse réutilisent voire traduisent leurs contenus d'une édition locale vers
une autre (souvent de l'anglais vers le français). Si cela reste cantonné à
l'intérieur d'un même groupe ou des médias similaires, il y a là un procédé et
une évolution qui ne sont pas exploités à leur juste mesure.
L'échange, la vente et l'achat de contenus constituent un levier essentiel
de croissance pour tous les acteurs de la presse, surtout en ces temps
considérés comme difficiles par l'ensemble du marché. Tous les acteurs sont
touchés, que ce soit les journalistes indépendants qui voient les prix de leurs
articles fluctuer, les rédactions qui disposent de moins de moyens pour
commander de meilleurs articles en phase avec la spécialisation croissante de
leur audience ou les annonceurs qui ne se retrouvent pas toujours dans les
audiences en baisse ainsi que dans la grande similarité entre les titres.
Aujourd'hui, des journaux se privent de reportages à l'étranger, par exemple,
par faute de moyens. Pour pallier cette absence de moyens, ils se contentent de publier des
reprises de dépêches d'agences plus ou moins remaniées. Pourtant, sur place,
des médias locaux font le même travail que les agences et souvent plus en
profondeur et avec une grande valeur ajoutée. Pourquoi, dès lors, ne pas
faciliter les collaborations entre ces rédactions ?
Notre métier consiste précisément à créer les conditions de ces
collaborations, c'est-à-dire à rendre fonctionnelle une place de marché où
producteurs de contenus tout autant qu'acheteurs peuvent trouver ou commander
des articles clés en main, c’est-à-dire disponible immédiatement par un simple
clic, les faire traduire le cas échéant et donc les monétiser.
Le schéma est
simple : vendre son contenu unique, acheter les contenus complémentaires,
augmenter la valeur ajoutée de son média et consolider ses revenus
d’exploitation. Il ne s'agit pas, bien entendu, de revendre un même contenu à
un magazine, concurrent ou non, sur son territoire, mais bien d'ouvrir les
contenus aux confrères étrangers, qu'ils partagent ou non la même langue.
Nous relevons plusieurs avantages à ouvrir ce type de perspectives : d'une
part, cela permet aux médias de beaucoup mieux contrôler leurs coûts de
production, tout en s'assurant de leur qualité et de leur pertinence en faisant
appel à des journalistes chevronnés et spécialisés.
D'autre part, cela leur
permet de se concentrer sur leurs points forts, de mobiliser leurs moyens sur
les informations sur lesquelles ils ont une véritable valeur ajoutée. Adopter
cette stratégie augmente la qualité globale des contenus d'un média et le rend
par conséquent plus attractif, tout en créant des liens inédits avec des
confrères étrangers avec lesquels on réalise un bénéfice mutuel et commun.
Si l'échange entre producteurs est une piste, une autre consiste à prendre
en considération les nouveaux diffuseurs et les nouveaux espaces de diffusion
en quête de contenus qui sont apparus depuis quelques années. Ils sont de
plusieurs natures : entreprises privées développant des affichages en espace
professionnel, institutions disposant de lieux d'attente, infrastructures de
transport comme les gares, les stations de métro ou les aéroports, voire les
moyens de transport eux-mêmes...
Citons également les « nouveaux
classiques », les sites web, les éditeurs d'applications pour smartphones
et tablettes désireux d'intégrer des flux d'informations localisées, les
services IPTV ou encore les gestionnaires de panneaux d'affichage publicitaire
ou d'informations disposés dans les lieux publics. Les possibilités sont vastes
!
On entend souvent l'expression "l'information est partout
aujourd'hui".
Il est plus que temps que la presse s'ouvre davantage pour
la rendre vraie et surtout qu'elle en tire de justes bénéfices.