Travailler avec des équipes internationales Passé, présent, avenir : identifier ce qui compte

Une autre conséquence de cette différence d'appréciation du temps est l'importance accordée au passé, au présent et au futur. "Des cultures comme celles des Asiatiques ou des Africains sont tournées vers hier et aujourd'hui et vivent dans une logique de continuité où la tradition est essentielle, assure Olivier Meier, chercheur et auteur de "Management interculturel". Inversement, les Occidentaux sont orientés vers l'avenir."

Les arguments qui font mouche

Une différence de perception qui n'est pas sans conséquence sur la manière d'aborder le travail.

au japon, on n'envisage pas le futur sans l'ancrer dans le passé
Au Japon, on n'envisage pas le futur sans l'ancrer dans le passé © Eddie Hui-Bon-Hoa et Stéfan Le Dû

Ainsi, un manager français aux Etats-Unis devra parler en priorité de gestion de projet, de business plan, de planification. "Arriver en mettant en avant votre histoire, votre réseau important, votre grande réussite d'il y a cinq ans ne lui fera ni chaud ni froid", précise le spécialiste. Ce qui compte, ce sont votre stratégie et vos prévisions pour l'avenir.

En revanche, si vous allez trouver un Chinois ou un Japonais avec ces mêmes arguments, il sera déphasé. "Leur parler du futur, c'est faire référence à quelque chose de très abstrait qu'ils ne comprennent pas." Il faut au contraire ancrer son discours dans le passé et le présent, faire référence à des éléments qu'ils ont vécu ou qu'ils vivent actuellement. "Carlos Ghosn l'avait très bien compris quand il a pris la tête de Nissan, se souvient Olivier Meier. Il a commencé par rappeler l'histoire du groupe, par rendre hommage à ses forces avant d'aborder ses faiblesses actuelles. Il pouvait alors proposer un plan d'avenir qui entrait dans une logique d'évolution naturelle de l'histoire et non dans une logique de rupture."