Les appliances décisionnelles secouent le datawarehouse

Présents sur le marché depuis une dizaine d'années, les éditeurs d'appliances décisionnelles évoluaient jusqu'à présent en vase clos. La percée de Netezza et l'arrivée d'Oracle sur ce marché concourent au remodelage du secteur.

Composante essentielle du projet décisionnel, l'entrepôt de données (datawarehouse) et ses systèmes de gestion associés (DBMS) sont devenus au fil du temps un enjeu clé pour les éditeurs traditionnels du secteur que sont Teradata, Oracle, IBM et Microsoft.

Mais derrière un objectif commun de répondre aux besoins décisionnels en matière de traitement des requêtes - avec des volumes de données franchissant désormais souvent la barre des 10 téraoctets, voire bien plus -, les stratégies mises en œuvre pour y parvenir divergent sensiblement.

"Alors qu'avec la nouvelle offre combinée HP-Oracle, on assiste à une avalanche de grosses configurations matérielles, Netezza et Teradata misent sur des processeurs cloqués directement sur les disques durs ou sur des architectures massivement parallèles avec un système de nœuds visant à doper les performances", annonce d'emblée Yves Cointrelle, directeur associé au sein du cabinet Homsys Group.

"On peut s'attendre à voir Microsoft se rapprocher de Dell pour proposer une appliance décisionnelle complète" (Yves Cointrelle - Directeur associé Homsys Group)

Fidèle à son ambition de départ, Teradata s'appuie ainsi avec toujours autant de ferveur sur sa technologie d'entrepôt de données pour délivrer puissance et capacité de montée en charge. Le tout, selon un objectif bien précis : assurer le traitement de milliers de requêtes simultanées. Non sans pointer du doigt les éventuelles faiblesses de ses compétiteurs.

"Les appliances décisionnelles se focalisent aujourd'hui sur la haute disponibilité, la facilité d'utilisation et les faibles coûts d'acquisition, mais ont encore du chemin à faire en ce qui concerne leur intégration au système d'information des entreprises et les niveaux de service fournis", égratigne Michel Bruley, directeur marketing de l'éditeur.

Pour le nouvel entrant Netezza (185 millions de dollars de revenus en 2007, en croissance de 65% sur 1 an), les facteurs différenciants ne se situent pas tant sur la quantité que sur la rapidité et l'optimisation du traitement des requêtes. Sans négliger par ailleurs la facilité d'administration de la plate-forme.

Combinant à la fois un système de gestion de bases de données relationnelles et un serveur de stockage, Netezza Performance Server semble à ce titre transcender l'architecture MPP proposée habituellement sur ce type d'offres : "nous avons rajouté un circuit intégré programmable FPGA qui, sur la base d'algorithmes de calculs spécifiques, permet d'éliminer à la volée les lignes et colonnes qui ne sont pas utiles à la requête", argumente Christian Raza, directeur des opérations de Netezza France.

Après l'arrivée en force du duo Oracle-HP (lire Oracle sonne la charge sur le marché du datawarehouse du 26/09/2008), reste le cas Microsoft qui, après avoir procédé au rachat du pure player DATAllegro en juillet dernier, cherche à se repositionner sur un marché qui dépasse de loin celui des simples systèmes de gestion d'entrepôts de données. Une tâche qui pourrait bien lui être facilitée en nouant un partenariat matériel avec un acteur du marché.

"Ce que l'on peut s'attendre avec la nouvelle offre décisionnelle de Microsoft, c'est qu'ils soient amenés à commercialiser une couche logicielle spécifique pour datawarehouse haute volumétrie basée sur du matériel Dell", projette ainsi Yves Cointrelle.

Et le directeur associé d'avertir : "mais quel que soit le type d'appliance décisionnelle choisie, mieux vaut faire attention à ne pas négliger des coûts de formation voire de recrutement associés, et surtout de rester cohérent en termes de choix d'ETL qui peut apparaître comme un goulet d'étranglement s'il est insuffisamment dimensionné".