SEO : est-ce que le seuil de qualité existe ?

SEO : est-ce que le seuil de qualité existe ? Connaissez-vous le seuil de qualité en SEO ? Vous devriez...Peu évoquée en France, la notion de seuil de qualité chez Google mérite qu'on s'y attarde. Son intérêt, dans le cas où il serait utilisé par Google ? Franchir un palier aux yeux du moteur de recherche.

Il n'est pas forcément évident de connaître les différents facteurs de classement d'une page dans les SERP de Google, secrets de l'algorithme du moteur de recherche obligent. Mais une notion peu connue mériterait qu'on s'y attarde : le seuil de qualité. "Lorsque l'on parle de dépasser le seuil de qualité, cela représente le fait de présenter à Google des contenus excédant le niveau requis pour rejoindre l'index principal", synthétise Jean-Baptiste Bessière, consultant SEO chez Pixalione. "Si l'écart entre le seuil de qualité et la qualité de nos contenus est élevé, on peut espérer une augmentation impressionnante des positions de nos contenus en passant dans l'index primaire." Comment arriver à cela ? Voici un éclairage pour mieux comprendre et se servir du seuil de qualité.

"Une notion encore floue"

Le seuil de qualité a été largement développé par le regretté Bill Slawski, pionnier du SEO, connu pour avoir parlé en premier de l'index primaire et secondaire de Google, et Koray Tuğberk Gübür, créateur du site holisticseo.digital. Il implique un score pour être positionné pour une certaine requête, ou un réseau de requêtes. Cela permettrait à Google de classer plus efficacement les pages et de les crawler plus rapidement.

Ce concept n'est pourtant pas très connu, notamment en France. "C'est une notion un peu floue", justifie Sylvain Peyronnet, CEO de Babbar.tech. "Gary Illyes, analyste chez Google Search, en a parlé dans un Q&A dans lequel il évoque un score sous lequel une page n'est pas indexée." "Contrairement au classement prédictif et aux index primaires et secondaires de Google qui sont avérés, le seuil de qualité a seulement été théorisé, rappelle Jean-Baptiste Bessière. Ce n'est pas une métrique dont se sert Google, mais plutôt l'appellation désignant le fait de créer des contenus dont les critères dépassent largement ceux requis pour passer sur l'index principal de Google pour une requête."

A-t-on d'autres indices de l'existence ce seuil de qualité ? Difficile de se prononcer. Par exemple, en 2012,  Google a déposé le brevet Site Quality Score. Selon ce document, le score pourrait principalement être déterminé à partir des actions des utilisateurs. Mais ce n'est pas parce que Google dépose un brevet qu'il s'en sert obligatoirement pour son algorithme de recherche.

Autre élément, John Mueller, webmaster trends analyst, répondant en 2021 à une question sur l'existence de cette métrique, a déclaré penser que cette notion ne devait pas être quantifiable, comme c'est le cas pour le score de qualité de Google Ads. Il a cependant indiqué qu'une métrique de qualité pourrait apparaitre dans la Search Console dans le futur. Mais cette hypothèse lui semble peu probable, notamment parce que son affichage pourrait ouvrir la porte aux "abus selon lui.   

Un fonctionnement complexe

Pour un de promoteurs du seuil de qualité, Koray Tuğberk Gübür, dans les grandes lignes, afin de mettre en place le seuil de qualité, Google regrouperait les requêtes et les documents dans un cluster thématique. Ce terme fait référence à "la façon dont Google va catégoriser et regrouper les différentes requêtes selon leur thématique", pour Jean-Baptiste Bessière. Les documents présélectionnés pour chaque thématique sont classés lorsqu'une requête appartenant à un cluster est utilisée.

Pour Koray Tuğberk Gübür, l'ordre dans lequel les documents de l'index principal sont positionnés dans ce type de cluster thématique est actuellement déterminé par une méthode de classement "triplet". Celle-ci prend en compte le sujet de la requête, l'élément central de la requête, et l'objet de la requête. Différents seuils de qualités sont déterminés, pour différents formats de noms, de verbes et d'autres types de mots tels que des adjectifs. Ainsi, selon la façon dont une requête est formulée, les résultats varieront pour mieux répondre à la requête de l'utilisateur.

Naturellement, plus le corpus aura de documents similaires, plus le seuil de qualité sera élevé. A l'inverse, plus le corpus sera petit, plus le seuil de qualité sera faible pour la pertinence. Dans ce cas-là, Google classerait les sources à haut PageRank, "même si leurs pages Web ne correspondent pas parfaitement à la requête spécifique. Elles sont pertinentes pour le sujet général", écrit Koray Tuğberk Gübür.

Autrement dit, pour Fabien Raquidel, consultant SEO, si aucun contenu expert n'apparait sur une requête donnée, le premier dans la SERP aura peut-être une page moyenne, mais aura surtout un Trust important. "C'est pour cela que beaucoup de sites de médias sont dans les premières positions sur un grand nombre de requêtes, même si leurs contenus ne sont pas parfaits, Google a confiance en ces sites-là et ils répondent au seuil de qualité, en rassurant au moins les internautes. Autre exemple, ceux-ci préfèrent avoir Lelynx que rachat-de-credit.com dans les premiers résultats de la Serp sur la requête correspondante. En affichant ces résultats, Google ne prend pas de risque.

Des éléments à améliorer au cas par cas

Pour ceux qui pensent que le seuil de qualité existe, différentes actions peuvent être mises en placeIl est d'abord nécessaire de savoir à quel type de Serp on a affaire. "Certaines Serp donnent satisfaction aux internautes. Le seuil de qualité semble alors 'fixé', comme pour la requête 'estimation immobilière'. Il est alors très difficile de se positionner dans le top 4", estime Fabien Raquidel. "Néanmoins, d'autres Serp, hors celles liées à la notion de fraîcheur, montrent un seuil de qualité fluctuant. Les premières positions changeant régulièrement de résultats, comme actuellement sur les requêtes liées au CBD. Dans ce cas, il est plus facile de se positionner sur les premières places."

Les Serps peuvent aussi renvoyer différents styles de requêtes. "Par exemple, la requête 'consultant SEO' renvoie actuellement à des résultats sur le métier et la formation, mais aussi sur le service délivré par des freelances". Ainsi, pour Fabien Raquidel, "le seuil de qualité ne veut rien dire si on ne rajoute pas l'intentionnalité".

Une fois le type de SERP repéré, une autre difficulté est de connaitre les changements à effectuer. "Les sujets ayant un impact fort sur la vie des utilisateurs, comme les requêtes YMYL (Your money Your life, avec des sujets traitant de finance, épargne, santé..., ndlr) peuvent avoir des critères bien plus élevés en matière d'EAT (Expertise - Authority – Trustworthiness, ndlr). Sur des thématiques moins sérieuses, comme des news people, les critères peuvent favoriser la popularité", constate Jean-Baptiste Bessière.

"Le seuil de qualité ne veut rien dire si on ne rajoute pas l'intentionnalité".

Mais comment connaitre les éléments à modifier pour chaque requête ?  "Au niveau sémantique, on peut analyser la concurrence, pour voir sur un groupe de requête quelles similarités on va retrouver chez les concurrents en tête sur la thématique, comme certains outils d'agence le font déjà", développe Jean-Baptiste Bessière. "On peut aussi utiliser la méthode mise en avant par les frères Peyronnet. Il s'agit de crawler les SERP sur une thématique. Et d'analyser les résultats à partir d'un algorithme de machine learning, comme XGBoost ou Random Forest. Ils permettent d'obtenir des prédictions sur les critères les plus importants pour se positionner sur le sujet en question. La méthode est automatisable en utilisant la plateforme de datascience Dataiku."

Ces procédés restent peu évidents à mettre en place pour des personnes aux ressources réduites. "Et, bien que précis, les résultats restent variables, et le seuil de qualité de Google, de par le classement prédictif, reste toujours changeant", rappelle Jean-Baptiste Bessière.

De son côté, pour dépasser le seuil de qualité, Koray Tuğberk Gübür recommande essentiellement de faire des phrases courtes, informatives,  de produire un texte cohérent, de mettre en avant l'EAT ou encore de donner des sources faisant autorité dans votre domaine. De façon plus approfondie, il préconise par exemple de compléter un seul sujet avec tous les détails, même s'ils n'apparaissent pas dans les requêtes et les documents des concurrents.