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DOSSIER 
 
08/06/2005

Ces patrons venus d'ailleurs
Les directions s'internationalisent

Déjà six patrons du CAC 40 ne sont pas Français. Cette proportion devrait encore s'accroître dans les cinq années à venir.
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S. Colville (Américain)

L'internationalisation
Six grands patrons
Barbara Borra (Italienne)
A. Van Beek (Néerlandais)
Nick Heys (Britannique)
Steve Colville (Américain)
Parmi les quelques 3,7 millions d'impatriés en France, six d'entre eux dirigent une entreprise du CAC 40. Le patron le plus admiré du moment, Carlos Ghosn, PDG de Renault, est d'origine libanaise. Le directeur général d'un des principaux groupes français, Carrefour, José Luis Duran, est Espagnol. Sans conteste, la France s'internationalise peu à peu. Et la relève est prête.

De plus en plus de numéros 2 et 3 ne sont pas Français d'origine. Chez Carrefour, José Luis Duran est secondé par Javier Campo, directeur général Dia, et par José Maria Folache, directeur général Europe - hors France. Le directeur général exécutif de Monoprix, Bernado Sanchez-Incera vient aussi d'Espagne. Le directeur général d'Orange, Sanjiv Ahuja, est Indien. Quant au co-directeur de Pernod Ricard, il est Irlandais.

Les dirigeants étrangers des sociétés du CAC 40 (source : Journal du Management)
Société
Nom
Origine
Société d'origine
Carrefour
Luc Vandevelde
Belge
française
Dexia
François Narmon
Belge
franco-belge
EADS
Manfred Bischoff (épaulé par Arnaud Lagardère)
Allemande
franco-allemande
L'Oréal
Lindsay Owen-Jones
Britannique
française
Renault
Carlos Ghosn
Libanais
française
STMicroelectronics
Carlo Bozotti
Italienne
franco-italienne
Sur les 40 sociétés qui forment l'indice phare de la Bourse française, six sont dirigées par une personne d'origine étrangère.

Autres opportunités pour les patrons étrangers : les directions de filiales de multinationales. Whirlpool a ainsi choisi une Italienne, Barbara Borra tandis que General Motors a nommé Sandro Malatto président pour la France. L'Insead fournit un vivier important de hauts potentiels et de futurs patrons de filiales. Les deux promotions en cours comptent 90 % d'étrangers. Ils apprennent à apprécier la France sur les bancs du MBA et gardent le désir de revenir y travailler un jour. Bernado Sanchez-Incera, Barbara Borra ou encore Lindsay Owen-Jones (L'Oréal) sont diplômés de la prestigieuse école.

On trouve aussi des étrangers dirigeants de PME, qu'ils ont souvent fondé eux-même. 17 % des entreprises inscrites au registre du commerce et des sociétés de la ville de Paris sont dirigées par des étrangers. Ainsi, Steve Colville, Américain, est tombé amoureux d'une maison dans le Périgord et a décidé d'y monter une entreprise (lire l'interview). Nick Heys a aussi choisi la France pour créer une société d'import, puis Emailvision (lire l'interview). Plus étonnant, Alexander Van Beek, Néerlandais, est le directeur général de Château Giscours, dans le vignoble bordelais.

Dans le Bordeaux, il faut faire ses preuves avant d'être intégré"

Alexander Van Beek, Château Giscours
Ces impatriés apprécient le cadre de vie agréable de l'Hexagone, les déjeuners d'affaires, la situation centrale en Europe, la vie parisienne, etc. Mais beaucoup se plaignent du niveau d'imposition et des lourdeurs administratives. Ainsi, Steve Colville a-t-il mis plus de trois mois à créer sa société, alors qu'il l'aurait fait en deux ou trois semaines aux Etats-Unis. Certains évoquent aussi le nombre de jours de congé et les 35 heures. Mais l'inconvénient ne semble pas insurmontable. "On arrive toujours à trouver des solutions intelligentes avec les gens qui veulent travailler", estime Barbara Borra, présidente de Whirlpool en France (lire l'interview).

Quant à l'intégration, elle est plus ou moins facile selon les cas. Ceux qui ont fait leurs études en France n'ont pas rencontré de grandes difficultés, surtout s'ils habitent à Paris. Barbara Borra a eu plus de mal à Lyon (lire l'interview). Steve Colville a apprécié l'accueil du Périgord (lire l'interview). Mais Alexander Van Beek, directeur général de Château Giscours a mis près de trois ans pour se sentir intégré (lire l'interview).

S'ils sont moins enclin aux clichés, les patrons venus d'ailleurs avancent toutefois quelques grandes différences culturelles qui se ressentent dans l'entreprise. Les Français, trop cartésiens, mettraient un temps fou à se décider. "Je suis souvent surpris, voire énervé, par la lenteur de la prise de décision", note Nick Heys, président de Emailvision, qui s'empresse d'ajouter que ce n'est pas un "énorme handicap" (lire l'interview). Les Français, fortes têtes, ont besoin d'explications pour obéir. "Ils travaillent beaucoup à condition qu'on leur explique précisément ce qu'il faut faire et pourquoi il faut le faire", estime Nicolas Fayol, responsable des relations extérieures de l'usine Toyota à Valenciennes.

Celui-ci travaille depuis 1999 dans cette usine pilote pour le constructeur automobile. Il s'agit en effet du tout premier établissement implanté dans un pays non anglo-saxon. Ayant vécu trois ans au Japon et parlant parfaitement la langue, il était chargé de l'intégration des premiers cadres japonais (une trentaine à l'origine). Une expérience qui lui permet de tordre le cou à quelques idées reçues. "Il ne faut pas croire que les Japonais ne prennent pas de vacances. Comme nous ils ont des congés payés, mais ils ne les prennent pas de la même manière . De même, ils n'hésitent pas à donner leur avis et à dire si une chose ne convient pas", souligne-t-il. Sur le plan personnel aussi, le fossé entre le mode de vie des Japonais et le nôtre n'est peut-être pas si éloigné : même amour de la gastronomie et du travail bien fait, même inventivité et sens de la débrouillardise. Au final, les Japonais accueillis à Valenciennes disent souvent avoir découvert plus d'affinités avec les Français qu'avec les Anglo-saxons qu'ils ont pu côtoyer.

S. Colville (Américain)

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