08/06/2005
Steve Colville
(SigmaSoft International) Sans la bureaucratie, la France serait un
paradis
Pas
facile de créer sa société en France quand on ne connaît rien des arcanes de son
système administratif... Steve Colville s'est lancé dans l'aventure.
Steve
Colville et Elizabeth Belsey ont quitté les Etats-Unis
il y a près d'un an et décidé de poser
leurs bagages dans un petit village du Périgord, Daglan.
Ils y ont transféré leur société,
SigmaSoft International, spécialisée dans le logiciel
de gestion de bases de données dans le cadre d'essais
cliniques. Si la maîtrise de la langue française
n'est pas encore parfaite, ils commencent à connaître
les formalités administratives françaises sur
le bout des doigts...
Pourquoi avoir choisi de vous installer
en France ?
Steve Colville. C'est un choix de vie. Nous voulions
venir vivre en Europe et la France nous a paru être l'endroit
idéal. Nous avons découvert la Dordogne, qui est
magnifique, et sommes tombés amoureux d'une maison que
nous avons rénovée.
Comment s'est passée l'implantation
de votre société, SigmaSoft International ?
Nous avions lancé notre activité aux Etats-Unis
mais nous avions des clients partout à travers le monde,
excepté en France. Il n'y avait donc pas d'obligation
de rester aux USA. En revanche, nous n'avions pas prévu
que les démarches pour nous implanter en France seraient
aussi longues et complexes. Heureusement, Périgord Développement,
la cellule du Conseil général de la Dordogne qui
aide les entreprises françaises et étrangères à s'implanter
dans le département, nous a beaucoup aidé. Elle
nous a parfaitement soutenus et conseillés dans nos démarches
administratives qui se sont révélées très
complexes, surtout pour des personnes comme nous qui ne sommes
pas habitués.
On nous a promis le haut
débit pour octobre
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Quels ont été les
principaux obstacles ?
Le temps a été, et est encore, notre principal
ennemi. Toutes les formalités administratives sont non
seulement complexes mais elles sont également très
gourmandes en temps. Cela nous a pris pas moins de deux à
trois mois pour créer la société. Et encore,
nous n'avons pas terminé toutes les démarches,
il nous reste des formalités à remplir dans le
domaine des impôts, de la TVA et de la sécurité
sociale. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, créer
une société demande en moyenne deux à trois
semaines.
Cela a-t-il eu un impact sur votre
activité ?
Bien sûr. Le temps passé dans nos démarches
n'était pas consacré au développement de
notre business, les logiciels de gestion de données dans
le cadre des essais cliniques. D'autant plus que, en parallèle
du processus de création de la société,
nous avons vécu les mêmes longues démarches
à titre personnel pour obtenir notre carte de séjour,
d'assurance et ainsi de suite.
Quelles ont été les
découvertes les plus surprenantes (positives ou négatives)
lors de votre intégration dans le monde du travail français ?
Sur le plan positif, c'est indéniablement l'accueil des
gens de la région. Toutes les personnes que nous avons
rencontrées se sont montrées très prévenantes
à notre égard et nous ont proposé leur
aide pour nous installer. De plus, ce sont des gens très
ouverts et qui ne demandent qu'à intégrer de nouveaux
arrivants. Nous avons déjà commencé à
nous constituer un réseau de relations professionnelles
et cela se passe très bien. Le côté négatif
est naturellement toute cette bureaucratie que nous avons découverte
et les problèmes d'infrastructure.
C'est-à-dire ?
Alors que notre activité repose beaucoup sur Internet,
nous avons découvert que notre village, Daglan, n'était
pas desservi par le haut débit. Notre mairie a écrit
une lettre à France Télécom pour demander
quand nous serions connectés en ADSL et il semble que
ce soit pour octobre. La Chambre de commerce et d'industrie
nous aide aussi dans ces démarches. En attendant, nous
avons une ligne Numéris, et c'est vraiment "juste".
Avez-vous ou envisagez-vous de recruter
du personnel français ?
Actuellement, notre niveau d'activité ne nécessite
pas que nous recrutions mais nous y songeons. Le hic est que
cela représente encore de nouvelles formalités
à remplir, et donc du temps à y consacrer...
Et si c'était à refaire ?
C'était notre choix de venir nous installer en Dordogne
et d'y créer notre société. La qualité
de vie est la principale raison qui nous a fait venir et c'est
aussi celle qui nous fait dire que nous avons fait le bon choix.
En revanche, sur le plan professionnel - surtout lorsqu'on
est entrepreneur -, la France peut faire nettement mieux.
Nous sommes heureux d'être ici mais toutes les démarches
administratives nous épuisent et nous sommes inquiets
au sujet des impôts. Nous craignons que cela n'ait un
impact négatif sur notre développement et sur
notre capacité à être compétitif
dans notre domaine.
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