10/06/2005
Aviation d'affaires, briser
le tabou Achat,
location ou multipropriété ?
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Cher et
luxueux en apparence, l'avion d'affaires est avant tout synonyme de gains de temps,
et donc d'argent, pour les entreprises. Tant pour les grands groupes que pour
les PME. |
Encore
considéré comme un luxe en Europe, et notamment en France, l'avion-outil
de travail est passé dans les murs depuis bien longtemps outre-Atlantique
où le marché est florissant. De ce côté de l'océan,
utiliser un jet privé pour ses déplacements professionnels est encore
perçu comme trop ostentatoire. Pourtant, les coûts ne sont pas aussi
exorbitants qu'on pourrait le croire. Envoyer entre cinq et dix personnes de Paris
vers une capitale européenne coûte moins cher en avion privé
que l'achat de billets individuels sur un vol régulier en classe business.
Les
différentes alternatives selon le niveau d'utilisation |
Utilisation
annuelle | Type
d'aviation d'affaires conseillée |
Tarifs |
Moins
de 50 heures | Avion
taxi commercial (à l'heure ou par abonnement) |
2.500-7.000 euros de l'heure selon
le type d'avion choisi (les surcoûts de mise en place et d'immobilisation
ne sont pas inclus) |
Entre 50 et 400 heures |
Multipropriété ou
location | Multipropriété :
acquisition d'une partie de l'avion + frais de maintenance mensuels (> 5.700
euros) + heures de vol (> 900 euros) |
Au-delà de 400-500 heures |
Achat de l'avion et recrutement
du personnel dédié à cet effet |
A partir de 2,5 millions d'euros
pour un turbopropulseur (hélice) De 5 à 50 millions d'euros
pour un Jet |
Source : Journal du Management |
Certes,
l'achat d'un avion reste encore bien souvent réservé aux grands
groupes. Leur acquisition de 2,5 à 50 millions d'euros selon
les propulsions choisies et l'équipement intérieur
implique un niveau d'utilisation élevé pour le rentabiliser. A cela,
il faut ajouter les frais d'équipage et de maintenance ainsi que l'immobilisation
de l'appareil un mois par an pour révision. Les grands groupes (PSA, Bouygues,
IBM...) peuvent s'autoriser cet investissement, plus rarement une PME.
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Socata
TBM 700 | En conséquence,
la solution la plus usitée est la location. Ponctuelle ou par abonnement.
"L'avion privé présente de nombreux avantages : une flexibilité
des horaires, des temps d'embarquement inférieurs à dix minutes,
un large choix d'aéroports... C'est vraiment un service à la carte",
explique Didier Richeux, responsable des opérations aériennes de
la compagnie Aérovision, basée à Toulouse. Celle-ci compte
notamment parmi ses clients Airbus, qui utilise la flotte d'avions-taxis pour
faire la liaison entre ses différents sites en France. Côté
tarif, la location débute aux alentours de 2.500 euros de l'heure de vol
mais peut monter à plus de 5.000 euros, selon le niveau de confort, la
taille de l'appareil et les prestations demandées. Sachant qu'un avion
d'affaires peut embarquer jusqu'à dix personnes, sa location est rapidement
amortie s'il est utilisé en pleine capacité.
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Super
Ecureuil | Encore
moins cher, mais avec un rayon d'action restreint (pas plus de 300 km de sa base),
l'hélicoptère de cinq places est loué à partir de
1.000 euros de l'heure. Il présente l'avantage de pouvoir se poser presque
partout. "En complément de nos jets, nous disposons d'une flotte de
sept hélicoptères", indique Frédéric Aguettant,
président de la compagnie Aviaxess, basée au Bourget. "Nous
n'en sommes pas propriétaires. Ils appartiennent à de grandes sociétés
qui nous ont missionnés pour les gérer et les mettre en leasing.
Selon ce contrat de gestion, nous rémunérons le propriétaire
de l'hélicoptère à chaque fois que nous le louons à
une tierce partie mais il peut également l'utiliser lui-même en fonction
de ses besoins. Cela lui permet d'amortir une partie des coûts", ajoute-t-il.
Enfin,
au-delà d'une cinquantaine d'heures de vol par an, la solution de la copropriété
peut être retenue. Très usitée aux Etats-Unis, elle peine
à trouver un marché en Europe. Bombardier qui proposait l'offre
Flexjet a jeté l'éponge et opté pour un réseau de
sociétés d'avions-taxis partenaires (tel Aviaxess). Netjets, société
américaine détenue par Warren Buffett (Berkshire Hathaway), propose
toujours une offre en Europe mais reste déficitaire. Seule JetFly, société
luxembourgeoise, semble surnager, affichant un compte de résultats positif
depuis 2001. Le secret de JetFly est une flotte économique. La compagnie
a opté pour la vente en multipropriété de petits avions turbopropulseurs.
Elle possède six Socata TBM 700 (EADS) et un Pilatus PC-12 alors que les
autres compagnies ont opté pour une flotte de jets. Bilan : des tarifs
moitié moins chers que la concurrence.
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Pilatus
décoré par Philippe Starck pour JetFly |
Par exemple, 1/8ème de TBM 700 acheté
revient précisément à 312.500 euros. Cela ouvre le droit
à 62h30 de vols par an. Les frais de maintenance de l'avion sont facturés
5.712 euros par mois, auxquels il faut ajouter 900 euros par heure de vol. "Le
principal avantage par rapport à la location simple est que nous ne facturons
que les heures de vol occupées, pas les transferts à vide. De plus,
nos avions peuvent atterrir sur des pistes courtes, ce qui nous ouvre les portes
de 2.200 aéroports en Europe quand les jets n'ont accès qu'à
550 pistes", souligne Jacques Lemaigre du Breuil, administrateur délégué
de JetFly. Autre atout : l'appareil est disponible en permanence. Si l'avion
acheté en multipropriété est utilisé par un des autres
propriétaires (qui ne se connaissent pas forcément), JetFly dispose
d'avions de réserve, en tout point identiques, qu'elle met à disposition
de ses clients. La disponibilité est donc garantie 365 jours par an.
En outre, le principe de fonctionnement
est simple : tout appareil utilisé est laissé sur son aéroport
d'arrivée jusqu'à ce qu'un copropriétaire à proximité
en ait besoin. L'équipage reste sur place, à disposition à
tout moment. Il travaille par fraction de sept jours puis cinq jours de repos.
Aujourd'hui, JetFly compte trente copropriétaires qui utilisent ses sept
avions en service. Ces clients sont disséminés à travers
l'Europe : Grande-Bretagne, Danemark, Pays-Bas, Belgique, France et Suisse. Ce
sont aussi bien de grands groupes, que des PME ou des personnalités (Philippe
Starck, notamment). Preuve que des verrous demeurent encore dans l'esprit des
gens, les clients français de JetFly sont exclusivement de grands groupes
(chimie, audiovisuel...). Pour les PME, le pas semble encore difficile à
sauter.
Les
principales destinations |
Les destinations les plus prisées
sont les grandes villes européennes : Londres, Berlin, Hambourg, Madrid,
Genève ou encore Barcelone, ainsi que le bassin méditerranéen
(Maroc, Algérie, Tunisie...). Elles sont situées à moins
de deux heures de vol et où l'appareil peut se poser dans des petits aéroports
plus proches des centres urbains et moins encombrés. |
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