Journal du Net > Management >  Dossier : Délocaliser en province - De plus en plus d'entreprises vont quitter Paris
ECONOMIE
 
19/10/2005

Déménager son entreprise en région
De plus en plus d'entreprises vont quitter Paris

Les ménages choisissent de se mettre au vert et les entreprises auront de plus en plus tendance à les suivre. Un mouvement renforcé par la politique des pôles de compétitivité.
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Et si l'Ile-de-France perdait l'équivalent de la ville de Lyon, un million d'habitants ? Ce scénario pourrait se produire avant 2010, d'après le Bipe. Que feront les entreprises ? Vont-elles choisir elles aussi de quitter la capitale ? Le mouvement est déjà en partie amorcé. La région parisienne concentre aujourd'hui 43 % de l'activité R&D, contre 55 % en 1995. D'après la CCIP, le nombre de salariés a diminué de 0,7 % à Paris en mars 2005 par rapport à mars 2004, alors qu'il a augmenté de 0,3 % en Ile-de-France et de 0,5 % en France.

Désormais, les entreprises suivent les ménages
"Traditionnellement, on considérait que les ménages suivaient les entreprises", explique El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie et conseiller scientifique au Plan, qui a dirigé le groupe Perroux (Localisation des activités économiques et stratégies de l'Etat à l'horizon 2015). Les gains de productivité liés au regroupement dans les grandes métropoles permettaient d'offrir des salaires plus élevés, qui compensaient la migration des salariés. "Depuis cinq ans, ce mouvement est en train de s'épuiser du fait de la hausse du coût de l'immobilier et de la volonté des ménages de vivre dans les régions du littoral", poursuit-il.

Les services deviennent aujourd'hui moteurs sur l'activité industrielle"

El Mouhoub Mouhoud, le Plan
Une proportion croissante de jeunes actifs souhaite quitter Paris. Parallèlement, les "papy-boomeurs", arrivent à l'âge de la retraite et déménagent pour un cadre de vie plus agréable. Ces migrations créent une nouvelle demande, notamment dans les services. "Les services deviennent aujourd'hui moteurs sur l'activité industrielle", argumente-t-il. Ainsi, de nombreuses entreprises industrielles se développent-elles dans la région de Biarritz ( voir les données économiques de Biarritz). Le tourisme a contribué au développement d'autres activités : fabrication de planches à voiles, de surfs, de vêtements de sport de haute technologie...

Les pôles de compétitivité dynamisent certaines régions
La logique de la demande - selon laquelle les entreprises suivent les ménages - se couple d'une logique de l'offre. Les entreprises peuvent choisir de se regrouper autour d'une même spécialité pour travailler en réseaux. Le gouvernement a choisi de favoriser cette logique pour conforter la compétitivité de l'économie. Sa stratégie consiste à subventionner des pôles dits de compétitivité. Parmi les 105 candidatures recueillies au printemps dernier, 67 pôles ont été labellisés et 55 projets validés, dont trois en Ile-de-France (voir la liste). L'enveloppe totale dédiée au financement des pôles est portée à un minimum de 1,5 milliard d'euros sur trois ans.

Le pôle "enfant", créé dans la communauté d'agglomérations du Choletais en Maine-et-Loire ( voir les données économiques de Cholet), regroupe par exemple de nombreuses entreprises (Ampafrance, groupe Salmon arc-en-ciel, IKKS, Catimini, Brioche Pasquier…) autour du secteur de l'enfance, dans des secteurs aussi variés que l'agroalimentaire, le textile, le mobilier ou encore les jouets. Le projet vise à favoriser les synergies entre différents acteurs et le développement d'expertises ayant trait à l'enfant (innovation, marketing, sociologie, formation, services urbains, puériculture…). Le pôle offre aussi une visibilité internationale. Un travail de marketing territorial est fait pour attirer les entreprises et pérenniser la présence d'autres sociétés.

Les régions face à la mondialisation

Les grandes agglomérations (l'Ile-de-France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénés) : elles perdent des emplois mais elles restent gagnantes puisqu'elles concentrent toujours les emplois très qualifiés.
Les territoires différenciés (les districts industriels) : ces districts labellisés regroupent des activités qui échappent à la concurrence par le prix.
Les territoires génériques : ils reçoivent des activités esseulées et exposées à la concurrence internationale. Ils n'attirent que les chasseuses de primes. D'après le Plan, 40 zones sont en situation de vulnérabilité (7 % de l'emploi national).

Les entreprises à forte valeur ajoutée sont moins mobiles
Le premier facteur de localisation pour une entreprise reste la possibilité de se fournir en biens intermédiaires. Elle se préoccupe ensuite de la main d'œuvre, puis des infrastructures (télécommunication, éducation...). En dernier recours, elle s'intéresse à la fiscalité et aux aides. Les entreprises qui font la course à l'innovation, et non au prix, ne peuvent se déplacer facilement. Elles dépendent d'une main d'œuvre qualifiée et leurs coûts de départ d'une région sont élevés.

Les entreprises qui se différencient par le prix sont plus volatiles. Par exemple, dans l'habillement, on cherche aujourd'hui à répondre rapidement à la demande. Il faut pour cela maîtriser les flux et donc investir dans la logistique. Les coûts de départ d'une région sont faibles. Ces entreprises peuvent facilement mettre en concurrence les sites, se comporter en "chasseuses de primes".

La Picardie doit faire face à un handicap paradoxal : sa proximité de Paris. "Les entreprises s'y implantent et s'y développent", note Xavier Roy, secrétaire général du Club des districts industriels français. "Mais, après deux ou trois ans, si l'activité démarre bien, elles partent s'installer à Paris." En 2005, Paris est toujours Paris.

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