Journal du Net > Management >  "Le pôle donne une meilleure visibilité aux PME"
ENTREPRISE
 
11/10/2006

Guénaël Guillerme (ECA)
"Le pôle donne une meilleure visibilité aux PME"

Grosse PME spécialisée dans la robotique sous-marine, ECA a contribué à la fondation du Pôle Mer PACA. Un choix dont le PDG se félicite même si la mécanique d'obtention des aides publiques n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière.
  Envoyer Imprimer  



Pôle
Nanotechnologies


Guénaël Guillerme (ECA)
Guide
Pôle Nanotechnologies
Pôle Mer
Chiffres
Spécialiste de l'automatisme en milieu extrême et notamment leader sur le marché de la robotique sous-marine, le groupe ECA, 620 salariés, 65 millions d'euros de chiffre d'affaires, n'a pas attendu la constitution des pôles de compétitivité pour privilégier la recherche et développement. Il a pourtant contribué à la création du Pôle Mer PACA, un pôle de compétitivité dédié aux technologies de la mer, autour des thèmes de la sûreté et de l'environnement. Guénaël Guillerme, PDG du groupe, revient sur les raisons de ce choix et les apports du groupement.


Quand avez-vous rejoint le pôle de compétitivité Pôle Mer PACA ?
Guénaël Guillerme. ECA est adhérent du pôle depuis l'origine. Nous étions une demi-douzaine d'entreprises à avoir répondu en 2004 à l'appel à projets, dont de gros acteurs comme la DCN, la Cnim ou Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer). L'implication d'ECA était naturelle puisque nous travaillions depuis plus de trente ans sur les technologies de la mer.

Le groupe ECA accordait déjà une grande importance à la R&D. Qu'attendez-vous alors du pôle de compétitivité ?
Nous en attendons beaucoup. Tout d'abord, le pôle permet qu'un ensemble d'entreprises se réunissent pour réfléchir à une offre concertée, favorisant l'émergence de projets. Mais il permet aussi simplement aux entreprises d'une région de mieux se connaître. On pourrait en effet penser que dans le domaine des technologies de la mer, nous nous connaissons tous mais ce n'est pas le cas. Avant la constitution du pôle Mer, il nous arrivait d'aller chercher des partenaires étrangers, rencontrés à l'occasion d'un salon, alors qu'il existe des entreprises correspondant à nos besoins bien plus près. Le pôle de compétitivité permet une mise en réseau des industriels et des organismes de recherche et de formation.


C'est une vraie refonte du système des aides publiques qui s'opère."

En tant que PME, quels avantages trouvez-vous à côtoyer de grands groupes comme la DCN, Siemens ou Thales ?
Avec un effectif de 620 personnes, nous appartenons à une frange très particulière d'entreprises que l'on pourrait qualifier de grosses PME. Le pôle n'a pas beaucoup transformé les relations d'ECA avec ces gros acteurs que sont la DCN ou Thales car le groupe était déjà leur fournisseur ou leur partenaire. En revanche, le pôle aide beaucoup les petites entreprises, celles qui comptent une vingtaine de salariés. Il leur était auparavant difficile d'accéder aux décideurs des grands groupes et de se greffer aux projets en cours. Le pôle de compétitivité leur donne aujourd'hui une meilleure visibilité sur les projets en discussion et leur permet de se faire connaître.

Que vous apporte le pôle en termes d'aides financières ?
Entre le pôle Mer PACA et le pôle Mer Bretagne, auquel nous appartenons également, nous participons à une dizaine de projets qui ont été labellisés par les instances des pôles. Trois ont été présentés au FCE (Fonds de Compétitivité des Entreprises) mais aucun n'a été financé. Pour le moment, l'obtention d'aides publiques via les pôles de compétitivité relève plutôt du parcours de saut de haies : c'est une machine administrative et comprendre son fonctionnement demande du temps. Les critères retenus par les agences pour l'attribution de ces aides sont difficiles à appréhender car on a peu de recul. C'est une vraie refonte du système des aides publiques qui s'opère et nous sommes dans une période de transition. Ce n'est peut-être pas le cas de toutes les entreprises, mais pour ECA, cela signifie paradoxalement une baisse des aides par rapport à avant.

Sites
Le groupe ECA
Pôle Mer PACA
A quelles autres difficultés devez-vous faire face dans le pôle ?
Elles sont liées aux questions de financement. Le pôle a ajouté une étape supplémentaire dans le processus d'obtention des aides. Avant, nous rencontrions l'Anvar qui mandatait un expert pour valider notre projet. Aujourd'hui, il faut d'abord passer par les instances du pôle pour une labellisation avant d'aller trouver l'Anvar (nouvellement Oseo, ndlr). C'est une perte de temps quand le projet est au point dès le début. En revanche, cette étape supplémentaire s'avère très utile pour améliorer un projet moins bien ficelé.

Avez-vous des craintes en termes de propriété intellectuelle ?
Des accords de confidentialité sont signés par tous les partenaires des pôles. Mais la meilleure protection reste la vigilance des entreprises sur les informations qu'elles jugent trop confidentielles. C'est aussi au pôle de s'organiser en permettant, par exemple, la constitution de commissions restreintes lors de l'examen de certains projets, jugés trop sensibles par leur initiateur. D'une manière générale, les petites entreprises ne semblent pas réticentes par rapport à ce point : elles ont conscience que même la meilleure idée du monde peut mourir dans un carton si elle n'est pas mise en commun.


Il faudra attendre 2015 pour ressentir pleinement les effets des pôles de compétitivité."

Quelle place tient le pôle dans le quotidien d'ECA ?
Notre groupe est en contact plusieurs fois par semaine avec le pôle, pour les dépôts de projets ou pour des réunions avec nos partenaires, même si nous essayons de les limiter. Nous participons également à des conférences sur des thèmes plus transversaux comme le développement du pôle à l'international, l'intelligence économique ou le développement de projets économiques structurants pour la région. Le pôle, grâce à sa visibilité, est d'ailleurs devenu force de proposition auprès des instances régionales.

Pouvez-vous dresser un premier bilan du pôle ? A partir de quand un pôle peut-il commencer à porter ses fruits ?
Il est trop tôt pour voir les premiers résultats. 2006 n'est pas une année représentative car c'est une période de transition et elle bénéficie d'un effet d'annonce. Il faudra mesurer les résultats en régime permanent. Un premier bilan en 2008 semble raisonnable : on pourra d'une part mesurer où en sont les financements et d'autre part, évaluer l'efficacité de leur utilisation. Mais il faudra attendre 2015 pour ressentir pleinement les effets des pôles de compétitivité.

Le pôle Mer PACA est-il ouvert à de nouveaux partenaires ?
Le comité de pilotage du pôle valide cinq ou six nouvelles adhésions par mois. Le milieu des technologies de la mer est très éclaté et les deux thèmes abordés par le pôle - questions environnementales et technologies sous-marines - sont très éloignés l'un de l'autre. Les adhérents potentiels sont donc très nombreux. Nous ne connaissons d'ailleurs pas toujours leur existence. Un pôle comme celui de Toulouse, dédié à l'aéronautique et centré sur un gros acteur, fonctionne différemment. Les entreprises partenaires qui y sont regroupées sont historiquement très liées et n'ont pas attendu le pôle pour se réunir.


Pôle
Nanotechnologies


Un témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez


JDN Management Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Avez-vous adressé des v½ux professionnels cette année ?

Tous les sondages