No code et low code : les différences ne sont pas celles que vous pensez

L'opposition entre no code et low code relève plus souvent de la fausse dichotomie que d'une véritable opposition, preuve en est, les nombreux points communs entre ces deux concepts.

Nous avons encore aujourd'hui trop souvent tendance à opposer Low-Code et No-Code. Le problème est que les arguments avancés pour les différencier sont souvent erronés alors que l’évidence est là : ces solutions ont de nombreux points communs. 

Elles traitent la même problématique : permettre aux entreprises de développer des applications web et mobile plus rapidement tout en se soustrayant aux contraintes traditionnelles du développement (coût, délais, risques, infrastructures, etc.) et du besoin en compétences diverses associées. On devrait d’ailleurs parler de Low-Code/No-Code et même, idéalement trouver un nouveau terme englobant plutôt que de parler de l'un ou de l'autre, tant leur philosophie est commune.  

Déconstruire les idées reçues issues de la terminologie  

Le No-Code ne nécessiterait aucun code et le Low-Code n’en exigerait qu’un peu. Il aurait été trop simple qu’il en soit ainsi, d’autant plus que l’IT est un domaine où l’on aime complexifier les choses.  

De nombreuses solutions No-Code permettent ainsi d’écrire dans différents langages de programmations (JavaScript, Python, Rust ou encore du SQL) et, a contrario, de développer des applications complexes avec des solutions Low-Code, sans écrire une seule ligne de code. A titre d’exemple, Baserow, très en vogue dans le monde du No Code, est une solution open-source inutilisable sans maîtrise du SQL. Il est donc nécessaire d’aller au-delà de ce que semble offrir la terminologie, dont les réalités dépassent le sens apparent et dont les appellations semblent mal résister aux années depuis leur création en 2016.   

Le No-Code pour le grand public et le Low-Code pour les experts ? Pas vraiment

Il est trop souvent possible de lire que la différenciation entre ces deux notions résiderait dans le public visé. D’un côté le No-Code à destination du “Citizen Developer”, c'est-à dire à portée de tous, tandis que le Low-Code serait réservé à des développeurs traditionnels. Là encore, les réalités battent en brèche les idées reçues. La communauté des “No Codeurs”, très active et représentée par le Syndicat Français des Professionnels du No-Code (SFPN), ses influenceurs et les professionnels du domaine sont essentiellement d’anciens développeurs ou des professionnels de la création d’application. 

Ce sont donc des professionnels du No Code/Low Code, ce qu’on appelle des “Makers” ou des “Product-Builders”, et non des “Citizen Developers”, ces personnes qui ont un autre métier que de faire des applications mais qui le feraient ponctuellement grâce aux outils No Code. Ces derniers répètent inlassablement que le domaine n’est pas à la portée du tout-venant. Des bases en architecture du système d’information, en bases de données, en JSON ou en API sont de sérieux atouts et apportent de la valeur à ces technologies. 

La prise en main du Low-Code et du No-Code nécessite d’ailleurs des formations de durée équivalentes. Les solutions No-Code se complexifient et il n’est pas rare qu’elles s’étalent sur 9 semaines tandis que les éditeurs de solutions Low-Code préconisent des formations d’au moins un mois afin d’obtenir un développeur capable d’apporter de la valeur à un projet. 

Le prix n’est pas un critère différenciant non plus 

Une nouvelle idée reçue à déconstruire : le No-Code serait une solution moins chère par nature. Prenons le cas de besoins dits “industriels”, nécessitant au moins trois environnements (développement, qualité et production), d’un engagement sur la disponibilité, le RTO, le RPO, mais aussi des garanties de sécurité et d’un ensemble de services clouds pour le développement d’applications essentielles à une entreprise. La facture pour une solution Low-Code a de fortes chances d’être moins chère puisqu’il sera nécessaire de combiner plusieurs solutions No-Code pour couvrir l’ensemble des besoins.  

En revanche, il demeure vrai que pour les organisations n’ayant pas les moyens de s’offrir ces garanties de services, les tarifs No-Code sont très intéressants et possèdent une approche “grand public” absente chez les solutions Low Code. Il convient tout de même de garder à l’esprit que les besoins en NFR (Non Functional Requirements) ne sont pas du tout les mêmes.  

Malgré tout, des différences persistent

En ayant pris le parti d'adresser des problématiques d'entreprises complexes, le Low-Code est aujourd'hui plus mature quant aux enjeux de compliance, de scalabilité, de disponibilité et de sécurité. Le Low-Code est donc plus à même de répondre aux contraintes inhérentes à la création des applications critiques des grandes entreprises tandis que le No-Code doit progresser dans le domaine.  

Le Low-Code visait historiquement des entreprises d'une certaine taille, aujourd’hui le No-Code est essentiellement utilisé par des sociétés spécialisées et des indépendants d’une nouvelle génération qui développent des solutions de qualité rapidement pour les petites entreprises. Là-encore, les frontières se brouillent puisque de grandes entreprises adoptent des stratégies No-Code tandis que des entreprises plus petites, avec des besoins spécifiques, se mettent au Low-Code. Ces deux technologies démocratisent le développement d’application à une myriade de sociétés de taille moyenne n’ayant pas les ressources nécessaires pour avoir recours au développement traditionnel.  

Une différence fondamentale réside aussi dans la portée des deux solutions. Les solutions No-Code sont plutôt spécialisées : Airtable et Baserow pour les données, Zapier et Make pour l’automatisation et l’intégration, WeWeb et Webflow pour les sites web etc. Les solutions Low-Code sont plus holistiques et ont des capacités UI web et mobile, de gestion de workflow, d’intégration, d’automatisation, de gestion de modèle de données, entre autres. 

Définir son projet afin d’opter pour une solution adaptée 

La frontière entre Low-Code et No-Code se fait de plus en plus ténue, à tel point qu'il devient inutile et très souvent contre-productif d'opposer les deux approches. Il est essentiel d'évaluer et de définir précisément ses besoins avant de penser à mise en place. En effet, en fonction de la taille de la société, des besoins métiers, des contraintes réglementaires et du budget, il est possible d'ajuster et d’affiner les variables qui permettront de s’orienter vers une solution mais également vers un mode d’organisation (internalisation, externalisation, mixte des deux).