DOSSIER 
(décembre 2003).
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Des managers pas comme les autres...

Fonction : Mère supérieure générale
Nom : Christiane Lorcy

Christiane Lorcy a prononcé ses vœux à l'âge de 21 ans dans la congrégation des Filles de Jésus de Kermaria. Après avoir obtenu une licence de lettres et une autre en théologie, elle a enseigné dans un collège. Elle a notamment été supérieure provinciale, c'est-à-dire responsable de toutes les communautés en France et en Belgique, et a dirigé pendant trois ans l'Institut d'études religieuses à Paris. A 61 ans, elle est Mère supérieure générale depuis cinq ans.

Avez-vous le sentiment de faire du management ?
Christiane Lorcy. C'est un terme que nous n'utilisons pas ! Mais j'ai regardé sa définition dans le dictionnaire : je fais effectivement du management. A la différence près que notre congrégation n'est pas une entreprise, nous ne recherchons pas le profit.

Quelle est votre définition du "management" ?
L'art de mener des projets et de les faire aboutir.

Comment avez-vous été nommée Mère supérieure ?
Tous les six ans, une assemblée élit l'équipe qui dirigera la congrégation. Elle est constituée d'une soixantaine de "grandes électrices" issues d'assemblées de tous les pays.

Quel est exactement votre rôle ?
Pendant un mois, l'assemblée se réunit et fixe les orientations. Une de mes tâches est d'en être l'exécutif, de les mettre en œuvre. Nous avons une motivation commune et profonde qui nous rassemble : la foi et notre mission de vivre l'évangile et de l'humaniser. Pour la vivre, nous mettons en place des orientations, comme par exemple la volonté d'observer la vie quotidienne des pauvres dans le monde pour pouvoir entreprendre des actions adaptées. J'ai aussi un rôle d'organisation des assemblées, des formations, des colloques, des retraites… Je dois veiller à la cohésion de notre groupe et susciter l'adhésion en rappelant toujours le sens de notre engagement. Cela passe par la prière. Enfin, pendant mon mandat, je dois me rendre avec mes quatre conseillères dans tous les pays de la congrégation. C'est curieux, mais nous sommes d'ailleurs toujours d'accord sur l'essentiel, dans toutes les communautés.

Comment se prennent les décisions ?
Nous appliquons un principe de subsidiarité. Chaque groupe prend en collégialité les décisions qui correspondent à son niveau. Lorsqu'une décision dépasse sa compétence, elle est transmise au niveau supérieur. Le respect des codes se fait naturellement.

Avez-vous régulièrement des réunions ?
Lorsque nous sommes à l'étranger, nous avons de nombreuses réunions sur le terrain. Nous cherchons à saisir les préoccupations des religieuses, à les faire réagir et à expliquer les décisions. Tous les deux ans, nous organisons un rassemblement de toutes les responsables des pays, de trois semaines environ. Enfin, à Paris, je participe à trois réunions par semaine, avec mes conseillères, l'économe et la secrétaire.

Comment vous appellent-elles ?
Elles m'appellent Christiane et me tutoient. Nous avons suivi des formations au Canada et en Belgique pour apprendre à travailler ensemble grâce à la connaissance mutuelle et aux méthodes participatives.

Comment définissez-vous les rôles de chacune ?
Ce n'est pas moi qui les définis ! Les nominations se font sur consultation. Nous organisons des réunions, des consultations écrites et nous insistons sur l'échange. Les responsables sont ensuite élues par les religieuses. Elles ne s'étaient pas forcément présentées et peuvent refuser leur fonction, mais il faut pour cela une raison sérieuse. Nous vivons dans l'obéissance et le dialogue.

Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Faites confiance aux potentialités de l'autre : il a quelque chose à vous apporter que vous n'avez pas et qui peut être indispensable à l'ensemble.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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