Des
managers pas comme les autres...
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Fonction
: Commandant
Nom : François
Peré |
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Depuis qu'il est diplômé de l'Ecole de la marine marchande, le
commandant François Peré a navigué sur les Iles anglo-normandes
et travaillé dans la construction navale, avant de piloter de grands
navires sur la mer du Nord. Promu commandant en 1988, il a intégré
Corsica Ferries en 1996 pour diriger des navires grande vitesse
(NVG). Ce marin de 52 ans se consacre aujourd'hui aux traversées
entre la Corse et le continent. Il pilote aussi bien des NVG ayant
un équipage de quinze personnes et 1 780 passagers, que des
"Mega Express" (cent-vingt matelots).
Avez-vous le sentiment de faire du
management ?
François Peré. Je suis obligé de faire du management. Un
navire, c'est une petite entreprise, surtout lorsqu'il y a des passagers
et un service d'hôtellerie. Je dois coordonner le travail de chacun
dans le but d'arriver à bon port. Notre priorité absolue est la
sécurité. En tant que commandant, je suis pénalement responsable
du navire. Je suis aussi le représentant de la compagnie.
Quelle est votre définition
du "management" ?
Il s'agit de trouver le meilleur compromis entre tous les impératifs
qui touchent aussi bien l'engin que les objectifs commerciaux ou
la sécurité.
Quels
sont les paramètres spécifiques à prendre en compte dans votre métier ?
Il faut être très réactif et avoir une vision précise de l'environnement.
Nous sommes soumis à de fortes contraintes extérieures comme la
météorologie. Il faut également tenir compte de l'état de
fatigue de l'équipage et des impératifs des passagers, qui veulent
arriver à l'heure.
Comment vos hommes vous appellent-ils ?
Ils m'appellent commandant et me vouvoient. Avec certains responsables,
nous nous tutoyons car nous sommes amis et nous avons le même âge.
Faites-vous régulièrement des réunions
avec l'équipage ?
Nous sommes soumis à un code de sécurité. Nous avons des obligations
mensuelles comme le "safety meeting" où je discute avec l'équipage
du fonctionnement, de la sécurité, des mesures antipollution
Chaque
semaine, j'ai également une réunion avec le commissaire,
responsable de l'hôtel.
Comment faites-vous respecter les ordres ?
Je suis assisté d'un chef mécanicien, d'un commissaire et d'un second
capitaine. Je ne choisis pas vraiment mon équipage, mais je peux
donner mes souhaits. En cas de grave problème avec un matelot, je
peux le débarquer immédiatement. C'est très rare. Lorsqu'un marin
est indiscipliné, qu'il ne se rase pas, ne soigne pas sa tenue ou
néglige la politesse, je peux lui donner des sanctions, jusqu'au
retrait de son livret maritime. Avant d'en arriver là, je respecte
une procédure et je favorise le dialogue. Je m'efforce d'être juste.
Je ne suis pas autoritaire et mes hommes ne sont jamais pris au
dépourvu. Mais lorsque je me mets en colère, il n'y a pas de retour
possible ! D'après ce que je peux savoir, les gens aiment naviguer
avec moi.
Sur quoi vous appuyez-vous pour réagir
face à une difficulté ?
Nous vivons en milieu fermé, ce qui crée des liens. Lorsqu'un équipage
se sent bien et travaille dans le consensus, on peut compter sur
ses membres. En cas de problème, ils suivront. Pour cela, il faut
également instaurer la confiance. La peur ne doit pas s'installer.
Mon comportement doit être rassurant.
Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Il faut avoir conscience de son équipe, être juste et gagner la
confiance de ses subordonnés.
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