DOSSIER 
(décembre 2003).
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Des managers pas comme les autres...

Fonction : Commandant
Nom : François Peré

Depuis qu'il est diplômé de l'Ecole de la marine marchande, le commandant François Peré a navigué sur les Iles anglo-normandes et travaillé dans la construction navale, avant de piloter de grands navires sur la mer du Nord. Promu commandant en 1988, il a intégré Corsica Ferries en 1996 pour diriger des navires grande vitesse (NVG). Ce marin de 52 ans se consacre aujourd'hui aux traversées entre la Corse et le continent. Il pilote aussi bien des NVG ayant un équipage de quinze personnes et 1 780 passagers, que des "Mega Express" (cent-vingt matelots).

Avez-vous le sentiment de faire du management ?
François Peré. Je suis obligé de faire du management. Un navire, c'est une petite entreprise, surtout lorsqu'il y a des passagers et un service d'hôtellerie. Je dois coordonner le travail de chacun dans le but d'arriver à bon port. Notre priorité absolue est la sécurité. En tant que commandant, je suis pénalement responsable du navire. Je suis aussi le représentant de la compagnie.

Quelle est votre définition du "management" ?
Il s'agit de trouver le meilleur compromis entre tous les impératifs qui touchent aussi bien l'engin que les objectifs commerciaux ou la sécurité.

Quels sont les paramètres spécifiques à prendre en compte dans votre métier ?
Il faut être très réactif et avoir une vision précise de l'environnement. Nous sommes soumis à de fortes contraintes extérieures comme la météorologie. Il faut également tenir compte de l'état de fatigue de l'équipage et des impératifs des passagers, qui veulent arriver à l'heure.

Comment vos hommes vous appellent-ils ?
Ils m'appellent commandant et me vouvoient. Avec certains responsables, nous nous tutoyons car nous sommes amis et nous avons le même âge.

Faites-vous régulièrement des réunions avec l'équipage ?
Nous sommes soumis à un code de sécurité. Nous avons des obligations mensuelles comme le "safety meeting" où je discute avec l'équipage du fonctionnement, de la sécurité, des mesures antipollution… Chaque semaine, j'ai également une réunion avec le commissaire, responsable de l'hôtel.

Comment faites-vous respecter les ordres ?
Je suis assisté d'un chef mécanicien, d'un commissaire et d'un second capitaine. Je ne choisis pas vraiment mon équipage, mais je peux donner mes souhaits. En cas de grave problème avec un matelot, je peux le débarquer immédiatement. C'est très rare. Lorsqu'un marin est indiscipliné, qu'il ne se rase pas, ne soigne pas sa tenue ou néglige la politesse, je peux lui donner des sanctions, jusqu'au retrait de son livret maritime. Avant d'en arriver là, je respecte une procédure et je favorise le dialogue. Je m'efforce d'être juste. Je ne suis pas autoritaire et mes hommes ne sont jamais pris au dépourvu. Mais lorsque je me mets en colère, il n'y a pas de retour possible ! D'après ce que je peux savoir, les gens aiment naviguer avec moi.

Sur quoi vous appuyez-vous pour réagir face à une difficulté ?
Nous vivons en milieu fermé, ce qui crée des liens. Lorsqu'un équipage se sent bien et travaille dans le consensus, on peut compter sur ses membres. En cas de problème, ils suivront. Pour cela, il faut également instaurer la confiance. La peur ne doit pas s'installer. Mon comportement doit être rassurant.

Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Il faut avoir conscience de son équipe, être juste et gagner la confiance de ses subordonnés.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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