DOSSIER 
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Patrick Légeron (Stimulus)
"Le stress n'est pas une maladie"
Quelle est la mécanique du stress ? A partir de quand devient-il préoccupant ? Certains d'entre nous sont-ils plus résistants que d'autres ? Les explications du docteur Légeron.
(Modifié en novembre 2006)


Burn out


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Toujours plus, toujours plus vite, toujours mieux... C'est dans cette spirale professionnelle que le stress fait son nid. Et si c'est à la base une réaction tout à fait naturelle et normale, à trop haute dose, il peut devenir dangereux. Patrick Légeron, psychiatre et directeur général de Stimulus, cabinet de conseil en changement comportemental fait le point sur ce phénomène.

Qu'est-ce que le stress ?
Patrick Légeron. Tout le monde parle du stress comme d'une maladie. C'est loin d'en être une. Grâce à 70 ans de recherche, on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'une formidable réaction de l'organisme pour s'adapter à l'environnement. Dès qu'une personne se trouve dans un environnement difficile, le stress opère dans le corps par la libération de substances chimiques, mais aussi dans le psychisme par la libération d'émotions. C'est donc une réaction normale et utile.

Quels sont les différents degrés de stress ?

Le stress est un phénomène qui évolue en trois temps. C'est d'abord la réaction utile que je viens de décrire. Il est positif tant qu'il n'est pas trop intense et reste ponctuel. La phase de risque vient ensuite et concerne environ un tiers des salariés. Le stress devient alors néfaste. Les périodes de stress deviennent trop importantes ou bien se répètent de façon chronique. C'est pendant cette phase que la souffrance apparaît, constituées de symptômes physiques (suées, digestion difficile, sueurs...) et psychologiques tels que des colères accrues ou une inquiétude permanente. La dernière étape, la plus grave, est celle du burn out.

Pourquoi le stress est-il de plus en plus mal vécu ?
Le stress devient négatif lorsque l'on a le sentiment d'être débordé. Or aujourd'hui, c'est une réaction de plus en plus sollicitée dans le travail, elle ne peut plus se mettre au repos. Les sources de stress professionnel sont devenues omniprésentes et davantage psychologiques avec, par exemple, le culte de la performance, les incertitudes ou les relations conflictuelles. Le changement est permanent, on en demande toujours plus aux salariés. Ces derniers développent un sentiment de frustration, l'impression de donner beaucoup mais de ne rien recevoir, de ne pas être reconnus socialement par leurs supérieurs ou même leurs clients. A cette situation s'ajoute le technostress, c'est-à-dire un stress lié à l'utilisation des nouvelles technologies.

Qui est concerné par le stress ?
Toutes les catégories professionnelles sont touchées par le stress. Pour les ouvriers et employés, le stress peut se transformer en maladie ou en accident. Ces salariés disposent de peu d'autonomie et doivent parfois mettre en application des ordres auxquels ils n'adhérent pas. Ils sont ainsi pris dans des conflits de valeur et négligent les facteurs d'hygiène ou de sécurité. Les cadres et managers sont aussi concernés par le phénomène mais doivent, en plus, gérer le stress des autres. Ils sont donc surtout victimes du stress psychologique.

Pourquoi certaine personnes sont elles plus stressées que d'autres ?
Certaines personnes présentent des prédispositions au stress, selon leur capacité de résilience. Il y a d'abord un aspect génétique, encore peu maîtrisé par les scientifiques. L'éducation est également en cause ainsi que des traits de caractères qui exposent plus ou moins au stress ou au contraire qui permettent de mieux s'en protéger. C'est le cas, par exemple, du perfectionnisme ou de la flexibilité. Tout ce qui induit une certaine rigidité de la personnalité expose la personne au stress. Enfin, l'expérience personnelle rend plus ou moins apte au changement et donc résistant au stress.

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Comment lutter contre le stress négatif ?
D'après les conclusions de l'Organisation internationale du travail, du ministère du Travail américain et de l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, la lutte contre le stress doit se faire à plusieurs niveaux. Il faut tout d'abord repenser toute l'organisation du travail. Aujourd'hui, tout se traite dans l'urgence avec comme valeur extrême la performance absolue. Le management est aussi à revoir. Les cadres doivent comprendre qu'ils n'ont pas que des aspects stratégiques à gérer, mais aussi le stress d'une équipe. Il faut les sensibiliser à ce thème. Pour limiter le stress, les managers peuvent donner plus de moyens à leur équipe, être plus humains, valoriser les individus, donner du sens à leur travail, diversifier les tâches, laisser de l'autonomie... Enfin, la lutte contre le stress se joue également à l'échelle de l'individu. Chacun d'entre nous possède des ressources pour être plus résistant au stress. Apprendre à gérer son propre stress est important pour sa santé et aussi son efficacité au travail.

PARCOURS
Patrick Légeron est docteur en médecine, psychiatre et "post-doctoral scholar" de l'Université de Californie à Los Angelès. Il est aujourd'hui psychiatre, attaché de consultation au service hospitalo-universitaire du Centre Hospitalier Sainte-Anne à Paris. Il est aussi directeur général de Stimulus, cabinet de conseil en changement comportemental sur le stress en milieu professionnel. Il a notamment écrit Le stress au travail, aux Editions Odile Jacob en 2001, réédité en livre de poche en 2003.


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Rédaction, Le Journal du Management


  
 
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