Nicolas Corato (Prat Editions)
"Il faut commencer à épargner tout de suite"

Il n'y a pas d'âge pour préparer sa retraite. Plus le salarié attend, plus l'effort d'épargne sera important en fin de carrière.

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Nicolas Corato est co-auteur de trois guides sur les conséquences de la loi Fillon sur les retraites, dont "Salariés, vos retraites après la réforme" (voir "A lire, à suivre"). Son conseil : épargner dès son premier emploi pour pouvoir partir à la retraite à 60 ans et combler la forte baisse des pensions.

Qu'est ce que la réforme des retraites a changé ?
Nicolas Corato. La loi Fillon signe la fin de la retraite à 60 ans à taux plein. Dorénavant, tout salarié recevra au mieux une pension de retraite deux fois inférieure à son dernier salaire, s'il décide de travailler au-delà de 60 ans bien sûr. En partant à 60 ans, il peut espérer à peine 30 à 40%  de son dernier salaire. Epargner est donc devenu indispensable.

Quand faut-il commencer à épargner pour sa retraite ?
Le plus tôt possible. Il faut épargner dès son premier emploi. Plus on attend, plus l'effort d'épargne à fournir devient important. La situation est d'ailleurs inquiétante aujourd'hui, car peu de salariés ont commencé à le faire.

Vous voulez parler des plus jeunes ?
Pas seulement. Les salariés qui partiront à la retraite dans dix ans, sont les plus concernés par la réforme. Comparons deux salariés qui commencent à épargner aujourd'hui. Le premier a 25 ans et le second a 50 ans. Pour avoir le même complément de retraite, le quinquagénaire devra fournir un effort d'épargne dix fois supérieur. Autrement dit, si le plus jeune place 100 € par mois, l'autre doit épargner 1000 € par mois pour obtenir le même capital au moment de sa retraite.

Ce n'est pas vraiment une solution…
Effectivement. Dans une telle situation, il faut en priorité devenir propriétaire de son logement principal, si ce n'est pas le cas. Ensuite, l'immobilier locatif est je crois, le meilleur dispositif d'épargne individuel pour ces personnes. Acquérir tout ou partie d'un bien immobilier et le louer, c'est percevoir chaque mois un loyer qui vient en supplément de son salaire puis de sa pension de retraite. Les aides fiscales accordées par l'Etat encouragent d'ailleurs ce système.

La grande révolution : les fonds de pension

Quels sont les autres aspects de la réforme ?
La grande révolution apportée par la réforme, c'est l'introduction, tant attendue en France, des fonds de pension. La loi Fillon a créé le Perp, un nouveau dispositif individuel d'épargne, qui permet de déduire les cotisations versées de sa déclaration de revenus. Ce placement est susceptible d'intéresser les cadres supérieurs qui cherchent souvent à payer moins d'impôt. Mais il présente un défaut de taille : les sommes placées sont reversées au moment du départ à la retraite, sous la forme d'une rente viagère distribuée à vie. Il n'est pas possible de récupérer son épargne sous la forme d'un capital alors que c'est, sans conteste, la sortie préférée des Français.

Quelles seront, selon vous, les prochaines étapes de la réforme ?
Les premiers résultats de la loi Fillon n'apparaîtront pas avant 2013. Il faudra à mon avis refaire le point à ce moment-là. Globalement, plus la croissance est mauvaise et plus le taux de chômage est important, plus il est difficile pour l'Etat de financer les retraites. Il faudrait donc constamment ajuster le système en fonction de ces paramètres. De même, il faudra à nouveau réformer les retraites quand les papy-boomers ne pèseront plus sur le système. Il sera alors envisageable de revoir les pensions à la hausse.

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Quel dispositif d'épargne avez-vous choisi pour votre propre retraite ?
Je suis quelqu'un d'assez prudent. Je place un tiers de mon capital dans une assurance-vie en euros. C'est un placement qui rapporte peu mais qui ne présente aucun risque. Et comme je suis assez joueur, j'investis un autre tiers en Bourse par l'intermédiaire d'un PEA, plus risqué mais la rentabilité peut-être bien meilleure. Avec le dernier tiers, je viens d'investir dans l'immobilier locatif.