02/09/2005
Heureux
et zen au travail Je
gère les conflits
Malgré les efforts de chacun, difficile d'éviter
les conflits interpersonnels au travail, y compris au sein de
son équipe. Le contexte économique et concurrentiel,
le fonctionnement interne de l'entreprise et la personnalité
du manager, plus ou moins humain, sont générateurs
de tensions et peuvent constituer des obstacles dans le traitement
de ces conflits. Autre facteur aggravant, le désintérêt du personnel
à l'égard de la vie sociale dans leur entreprise. Les employés
ont trop souvent tendance à considérer que ce sujet relève uniquement
de la responsabilité du service ressources humaines. Tous ces
facteurs constituent un terreau adéquat à l'installation de
conflits durables, véritables menaces pour l'efficacité de l'entreprise
et situations insupportable au quotidien pour bon nombre de
salariés.
Face au conflit, Michel Jus, consultant indépendant dans
les ressources humaines, conseille en premier lieu de renforcer
le processus hiérarchique et de revenir aux fondamentaux en
s'appuyant sur un pouvoir légitime pour éviter sa propagation.
En cas de problème à l'intérieur d'une
équipe, il faut savoir que c'est rarement la faute d'une
seule personne. Cela peut aussi relever de la dynamique de groupe.
"Il arrive qu'une seule personne soit en opposition mais
qu'elle serve en réalité de catalyseur à
l'ensemble d'une équipe. Finalement, ce heurt peut arranger
tout le monde, car elle exprime ce que chacun pense tout bas
mais n'ose exprimer", explique Cécile Gachignard,
consultante RH-recrutement et psychologue du travail pour le
cabinet Altaïde.
Dans cette situation, la communication est la première
solution. Afin de régler ce problème d'équipe,
des entretiens individuels avec l'ensemble des membres du groupe
constituent un passage obligé. Ce sera l'occasion de
voir comment chacun se sent concerné et quelles sont
les différentes attitudes. Naturellement, il faudra tout
particulièrement discuter avec la ou les personnes identifiées
comme source de problème.
Les
conflits ne sont souvent que des non-dits"
Cécile Gachignard (Altaïde) |
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"Lors de cet entretien, il
faut faire un tour d'horizon : parler du contexte, évoquer
ce qu'on lui reproche, savoir s'il existe des raisons sous-jacentes
à certaines attitudes, etc. Cette étape permet
parfois de constater que la personne identifiée comme
source du problème n'en avait pas conscience. Il s'agit
peut-être juste de non-dits qui empoisonnent la dynamique
du groupe et qui peuvent se régler par la communication",
ajoute Cécile Gachignard.
L'intervention d'un tiers, non investi dans le conflit, est
une autre solution. Elle a l'avantage de canaliser les forces
en présence. Le choix de ce médiateur est variable selon l'avancement
de l'opposition. Si le conflit en est à ses prémices, il est
plus simple de choisir un membre de la société, voire de l'équipe
s'il n'est pas en prise directe avec les tensions. Si le conflit
est plus avancé, il vaut mieux faire appel aux services
d'un consultant pour éclairer d'un nouveau jour la situation.
"D'une part, cela montre
que le manager a pris en compte le problème et qu'il
se soucie de l'ambiance dans l'équipe. D'autre part,
un regard externe est souvent plus à même d'identifier
les tensions", explique Cécile Gachignard. Sans
compter que les personnes de l'équipe se confieront peut-être
plus facilement à un consultant ou un psychologue du
travail qui est lié à une certaine confidentialité
sur les propos évoqués au cours de discussions
individuelles.
Mais le conflit, tout du moins la compétition, loin d'être toujours
un écueil pour la productivité de l'entreprise, peut également
s'avérer être un mode de management efficace. En effet, nombre
de dirigeants maintiennent volontairement un climat de rivalité
entre leurs collaborateurs pour en décupler le potentiel. Chacun
a besoin de l'autre pour dépasser ses limites, chose qu'une
ambiance trop harmonieuse ne permet pas. Le manager doit, en
permanence, veiller à insuffler cet esprit combatif au sein
de son équipe tout en déjouant les pièges de la nature humaine :
besoin de reconnaissance, susceptibilité, rivalité affective,
besoin de pouvoir
.Entre harmonie et guerre ouvertement déclarée,
lil faut trouver le juste équilibre pour transcender son équipe.
Enfin, certains optent pour le non
interventionnisme et laissent évoluer librement les conflits.
Hélas, la facilité se paie toujours au prix fort
un jour ou l'autre. Pour Michel Jus, la raison d'être d'un conflit
au sein de l'entreprise est d'en tirer les enseignements pour
pouvoir faire évoluer la structure. A l'inverse, tout conflit
non traité peut être assimilé à un cancer, latent, qui ronge
l'entreprise de l'intérieur. "La maturité d'une structure
se révèle dans sa capacité à nommer ses dysfonctionnements
et ses tensions au fur et à mesure qu'ils apparaissent ", souligne
Michel Jus. Le conflit peut être un moyen de pointer
des difficultés, de les dépasser pour tendre ensemble
vers l'amélioration.
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